Patrick ChauvelPhotoreporter aguerri, Patrick Chauvel débarque au Suriname fin 1986, via la Guyane. Plus jeune, il a couvert la guerre et les horreurs du Vietnam. Sur un coup de tête, il décide de suivre les Jungle commando et leur leader R. Brunswijk qui débutent leur combat. La suite, il la raconte à Une Saison en Guyane.

 

Combien de fois et comment vous êtes vous rendu au Suriname ?
Patrick Chauvel – J’y suis allé trois fois de suite à cette période là. Au deuxième voyage, après que cela soit passé dans Newsweek, j’ai été contacté par le colonel Rob Brown, le fondateur et propriétaire de la revue Soldat de fortune qui a essayé de me faire croire que son journal était un journal, ce qui est vrai, mais c’est aussi une boîte aux lettres pour le CIA et pour les mercenaires américains. C’est comme ça que je me suis retrouvé au Suriname avec son équipe qui s’est mise en concurrence avec les mercenaires anglais.

Sur place il y avait déjà le mercenaire anglais Karl Penta ?

Patrick Chauvel – Il y a Richard qui a été décapité et le dynamiteur, Karl Penta, qui est toujours en vie et qui a écrit un bouquin d’ailleurs (Tails of war, Karl Penta). Je l’ai revu, plus tard, il est venu me voir bien après à Paris. Sur mes photos, c’est lui qui pose les pains de plastiques sous le pont. En fait, à ce moment-là, je lui ai demandé si je pouvais faire une photo. Et lui m’a dit : «Attends que j’ai fini de poser les explosifs » – on était en territoire ennemi, et il y avait une sentinelle sur le pont. Mais comme il y avait des éclairs de chaleur, je lui ai dit que le garde pourrait confondre mon flash avec un éclair de chaleur et qu’on pouvait le faire. Il était d’accord, j’ai attendu qu’il pose ses éléments et j’ai ma photo et après on s’est barré en courant. Le pont a bien pété, mais j’étais trop loin pour qu’on fasse une photo. Le cordant c’est Richard qui le tenait, tout avait été disposé. Après on a fui sur les canaux, dans une petite barque. On était avec un indien des Indes, un espèce de grand échalas à lunette, une sorte de guerillero-intello et puis il y avait un mec local en botte en caoutchouc. On a marché tout la nuit pour aller derrière une ligne tenue par les hommes de Bouterse, et on a fait péter le pont qui leur servait pour déplacer le blindé qu’ils utilisaient pour massacrer les types de Brunswick. Je crois que c’est en 1987.
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