Gérard Pasco, éleveur 

« Tout perdre et reconstruire ailleurs »
Le président de la Chambre d’agriculture de Nouvelle-Calédonie a beau afficher un large sourire, il garde les séquelles des heures sombres de l’histoire du pays. Rencontre avec un Calédonien d’adoption qui a su rebondir après avoir été contraint à tout quitter.
À tout juste 60 ans, Gérard Pasco est un agriculteur aguerri. Son expérience, il la doit en premier lieu à son beau-père, Roger Mennesson. C’est ce Calédonien de souche, chef d’élevage d’une des plus importantes exploitations agricoles de Pouembout, au nord de la Grande-Terre, qui lui a tout appris. À l’âge de 20 ans, en demandant sa fille Anne-Marie en mariage, le jeune peintre en bâtiment épouse une nouvelle profession et se fond rapidement dans le décor. « Je suis arrivé de Métropole à l’âge de 13 ans, mais je me considère à présent comme un Calédonien », estime-t-il. Le couple Pasco s’installe sur la propriété familiale du Pic Gaillard, à 260 km de Nouméa. Et en 1987, lorsque Roger Mennesson prend sa retraite, il lui rachète sa propriété. Mais la jouissance de ce bien durement acquis sera de courte durée.

Frôler la mort
« On était loin de se douter qu’un an plus tard, le 4 juin 1988, mes beaux-parents allaient être séquestrés dans leur maison par six cagoulards armés qui les ont molestés et enfermés dans une pièce avant de mettre le feu à la maison. Ils doivent leur vie au sang-froid de Roger qui a réussi à s’extirper par une minuscule fenêtre », raconte Gérard Pasco, visiblement ému. En 1989, l’Agence de développement rural et d’aménagement foncier (Adraf), chargée de la redistribution des terres, contraint la famille à quitter les lieux moyennant une compensation financière. Avec le terrain, l’Adraf rachète les 200 têtes de bétail et le matériel agricole. « Aujourd’hui il ne reste presque rien du troupeau et la propriété est revendiquée par d’autres Kanak. On a toujours un pincement au cœur quand on passe à Pouembout. On y a laissé une partie de notre vie. Les cendres de mon beau-père ont été répandues à Pidjen, là où il a vécu, et comme il l’avait souhaité », confie-t-il.

Croire en l’avenir
En août 1990, Gérard Pasco se lance à nouveau dans l’élevage, mais plus près de Nouméa, cette fois. Il jette son dévolu sur un terrain nu de 250 hectares situé à La Tontouta. « On est reparti de zéro. Il a fallu tout défricher, monter des barrières, construire un stockyard, des docks… On y passait tous nos week-ends ! », se souvient-il. Élu à la Chambre d’agriculture en 2006, l’éleveur a été renouvelé deux fois dans ses fonctions de président. Au contact des autres agriculteurs, il a vu les mentalités évoluer au fil du temps. Aujourd’hui, s’il se dit « peu confiant sur la capacité des leaders indépendantistes à faire preuve d’honnêteté », il reste toutefois positif sur la capacité des Calédoniens à vivre en bonne entente et à rebondir au lendemain du référendum. Selon lui, « les agriculteurs sont attachés à leur terre et misent sur l’avenir. Ils n’ont pas peur d’investir, y compris dans des technologies de pointe… »

Propos recueillis par Marianne Page, photo N. Job

Elie Poigoune, ancien leader indépendantiste 

« Notre pays est quasiment indépendant »
Indépendantiste de la première heure, Élie Poigoune mesure le chemin parcouru depuis plus de 30 ans. En marge de sa tendance politique, il affiche son attachement à la France, le « grand frère », comme il l’appelle. Au sein du Comité des Sages, le président de la Ligue des droits de l’Homme de Nouvelle-Calédonie a veillé à la bonne tenue du référendum. Une mission pacificatrice qui est désormais son crédo.

D’où tenez-vous la force tranquille qui vous caractérise ?
Je suis l’aîné d’une famille de cinq garçons. En tant que fils de pasteur, j’ai grandi dans un milieu protestant assez strict, entre Touho et Canala, au nord de la Grande-Terre. On sortait du régime de l’indigénat et j’ai fait partie de cette première génération kanak qui est allée jusqu’au bac. Comme j’étais bon en sciences, je suis devenu prof de maths. En 1964, j’étais un des rares étudiants kanak en métropole. J’ai fait 5 ans d’études à Montpellier et deux ans de coopération en Tunisie. Je me suis ouvert à d’autres cultures. La révolte de mai 68 m’a aussi fait réfléchir.

À quel moment est née la revendication d’indépendance ?
À mon retour, j’ai été nommé au lycée Lapérouse, j’étais le seul enseignant Kanak. J’ai obtenu le Capes puis l’agrégation. Mon engagement politique est venu vers 1974, quand j’ai milité dans le Groupe 1878 pour la revendication des terres. On avait un discours marxiste qui ne plaisait pas aux coutumiers et on a eu du mal à s’implanter. Le mot d’ordre de l’indépendance est arrivé en janvier 1975, à ma sortie de prison. J’ai été condamné plusieurs fois à cause de la loi anti-casseurs. J’ai même perdu mon travail en voulant défendre un collègue Kanak qui n’était pas renouvelé à son poste. Les manifestations étaient interdites, mais on les faisait quand même ! L’indépendance n’était pas notre revendication de départ, mais comme on ne voulait pas nous écouter, notre discours s’est radicalisé. Cela a donné naissance, en 1976, au Palika (Parti de libération Kanak).

Comment avez-vous vécu la période des « Événements » ?
C’était une période très dure ! Lorsque les autonomistes de l’Union calédonienne et de l’Union multiraciale nous ont rejoints, nous avons formé le Front indépendantiste qui est devenu le FLNKS (Front de libération national Kanak socialiste). On voulait que les gens quittent le territoire, cela frisait le racisme par moment ! La population européenne a réagi durement, car on s’en prenait à leurs biens. Lorsque nous avons boycotté les élections, cela a donné les “Événements”  de 1984. Il y a eu des morts d’un côté comme de l’autre. Un Européen de Ouégoa a été tué sur un barrage. Puis il y a eu les dix morts de Tiendanite, Eloi Machoro, le jeune Tual… Les coups de fusil partaient, ça a duré jusqu’en 1988. Il y a eu 70 morts, c’est beaucoup ! Cela a abouti à la poignée de main entre Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou et les Accords de Matignon-Oudinot. C’était un geste très fort pour nous. Certains n’ont pas apprécié, mais la majorité d’entre nous était entièrement d’accord. On se sentait responsables, car on avait été à l’origine de ces revendications très dures. À partir de là, on a décidé de cesser l’affrontement et de construire ensemble le pays.

En 30 ans, comment le « vivre ensemble » a-t-il évolué ?
Les accords de Matignon et l’accord de Nouméa ont apporté la paix et nous ont permis de nous connaître un peu plus. Les gens ont tissé des liens profonds. Le métissage a pris de l’ampleur, c’est devenu une fierté. Pendant ces 30 ans, on a donné beaucoup de liberté aux gens du pays. On est déjà plus ou moins indépendants. À part les compétences régaliennes, les autres compétences de l’État sont aujourd’hui exercées par notre gouvernement. Personnellement, ma vision de la France a beaucoup changé. Il y a eu ce dur passé colonial, mais depuis la signature de l’accord de Nouméa, l’État est à l’écoute. J’ai aujourd’hui la vision d’une France attentive et bienveillante, qui est prête à nous accompagner. Tout le monde a fait du chemin. Le pays a besoin d’un grand-frère comme la France.

Comment envisagez-vous l’avenir au lendemain du référendum ?
Je vois ça de façon positive. Il faut respecter le résultat du référendum et se mettre autour d’une table pour discuter de notre avenir, sans exclure personne. On a fait beaucoup et on va continuer à évoluer dans ce sens. En dix ans, on a formé 400 cadres, dont 75 % de Kanak ce n’est pas rien, et on continue. On a créé l’usine du nord, des logements sociaux… Dans 20 ans, il y aura encore beaucoup de changement. J’ai confiance en la jeunesse du pays.

Propos recueillis par Marianne Page

Warren Naxue, Médiateur 

« La troisième voie se fera par la jeunesse »
Originaire de Lifou, le jeune homme est animé par la parole. Fils de leader politique et de syndicaliste, Warren Naxue souhaite orienter le dialogue des jeunes de Nouvelle-Calédonie vers plus de neutralité et donne son avis sur le référendum. Rencontre.

Le dialogue, Warren Naxue l’a dans la peau. Depuis tout petit, il entend des discussions animées à la maison : son père est signataire des accords de Matignon et sa mère, syndicaliste. « Je pense que si je dois me définir, je peux dire que j’ai été entouré de tous les anciens qu’ils soient loyalistes ou indépendantistes ; il y avait déjà cette question de neutralité. Mon père a été deux fois maire de Lifou puis a été élu à l’Assemblée territoriale (appelé Congrès aujourd’hui). Je suis baigné, imprégné par ça, sans compter les rencontres syndicales », raconte Warren Naxue. Son père était le chef du clan guerrier Apico, gardien du royaume de Lifou, l’une des îles Loyauté de Nouvelle-Calédonie. Désormais, c’est son grand frère, Jean-Eric Naxue qui a pris la suite.
Aujourd’hui Warren a 29 ans et a créé sa propre société de médiation : « Je m’occupe de la résolution de conflit. Un patron m’appelle, je vois avec lui comment interagir avec les syndicats, on essaie d’instaurer un dialogue à l’océanienne. Ça marche plutôt bien ». En tant que président du Comité Jeunesse de Nouvelle-Calédonie, sa seconde casquette, il s’occupe de mettre en place des discussions dans les espaces publics. « Dernièrement c’était à Dumbea où l’on m’a demandé d’organiser une discussion avec les jeunes citoyens sur le référendum. »
Quand on l’interroge sur la récente consultation, Warren répond : « Pour moi, il y a le bloc indépendantiste, le bloc loyaliste et le bloc qui va mal. Après il y a le quatrième bloc, c’est le bloc silencieux, c’est la ménagère, le matin, qui vient avant tout le monde et qui nettoie. C’est le chauffeur de car qui se lève pour amener les gens. Et aussi les citoyens lambdas qui votent pour un oui, pour un non mais ne comprennent pas les dimensions », commente-t-il une semaine après le résultat. Selon lui, la question posée par le référendum est « hypocrite ». « On demande si la Nouvelle-Calédonie veut accueillir l’indépendance et la pleine souveraineté. Moi je pense que la question à poser est plutôt de savoir si la Nouvelle-Calédonie veut devenir indépendante politiquement. Je pense qu’il doit y avoir un renouvellement de la classe politique et la question, c’est de savoir s’il va y avoir vraiment un renouvellement de la classe politique », assène le jeune homme qui a fait des études de gestion.

Selon lui, le vote kanak est instrumentalisé depuis 30 ans. Lui-même se bat pour ne pas être manipulé en tant que jeune leader, et rêve d’un territoire où le colonisateur et le colonisé auraient dépassé leurs clivages. « On a des carcans posés par les deux blocs qui sont dans la confrontation perpétuelle. Quelques jeunes ressortent de ce carcan mental, celui que la colonisation nous a imposé. » Et d’ajouter : « Moi je pense que la troisième voie se fera par la jeunesse, elle a répondu présente par rapport au vote. Un gros vivier de jeunes est là. Ils sont prêts, ils se sont formés, ils sont sur le terrain. Je n’oublie pas les non-Kanak qui sont dans une autre dynamique que le seul «  oui  » ou « non ». On veut vraiment installer un vivre ensemble », lance le président du Comité Jeunesse de Nouvelle-Calédonie.

De là, Warren pose une question essentielle : « Est-ce qu’à un moment donné on peut faire de la transversalité ? » Prenant en exemple la case et la pirogue – des symboles forts de la culture kanak – le jeune homme prône une vision à la fois verticale (la case évoque le dialogue hiérarchique) et horizontale (la pirogue, tous dans le même bateau, ce qui évoque le dialogue à l’océanienne) des questions concernant la jeunesse, la culture, l’insertion, l’emploi, la politique, la société civile… En tant que président du Comité de la Jeunesse de Nouvelle-Calédonie, Warren s’occupe de fédérer des réseaux. « On fait un travail sur la neutralité, pour un tressage, pour tisser des liens et donner un sens à tout ça pour que les jeunes soient motivés et déterminés dans ce qu’ils vont faire et prennent conscience de leurs semblables, et aussi pour qu’ils comprennent le vote. » Warren est aujourd’hui écouté grâce à son travail sur le terrain. « Mais je n’attends rien en retour », conclut-il, toujours humble.

Propos recueillis par Noémie Dutertre Photos Nicolas Job

André Dang, Directeur général de la SMSP

« Le nickel va permettre l’indépendance économique du pays »
Rencontrer André Dang, c’est rencontrer tout un pan de l’histoire calédonienne ; celui des Kanak dans leur lutte pour l’indépendance. Homme d’affaires avisé de 82 ans, grand ami du leader indépendantiste assassiné en 1989, Jean-Marie Tjibaou, cette figure calédonienne conserve ses convictions : aider les Kanak à accéder à la ressource minière et utiliser le nickel pour permettre l’indépendance économique du pays. Retour sur l’histoire de la SMSP afin de comprendre les enjeux du nickel dans l’avenir du pays.

Comment est née la Société Minière du Sud Pacifique, dont vous êtes directeur général depuis 20 ans ?
Au départ, la SMSP appartenait à la famille Lafleur. La Sofinor l’a rachetée en 1990, après la signature des accords de Matignon. L’objectif était de permettre aux Kanak d’accéder à la ressource minière afin de développer le Nord du pays. Mais à l’époque, la société est juste « tâcheron » pour la SLN et ne dispose d’aucun domaine minier. C’est une société très fragile. De 1991 à 1995, la SMSP va se constituer un domaine minier. Au terme de l’année 1995, l’entreprise a multiplié par sept son niveau d’exportation de 1990 et devient alors le premier exportateur de minerai de Nouvelle-Calédonie. Son activité génère environ 1 000 emplois directs et indirects. C’est alors l’aventure de l’usine du Nord, KNS, qui débute… L’exportation de minerai ne rapportait pas assez pour permettre le développement de la Province Nord. Il fallait mettre en place une nouvelle stratégie. Il fallait transformer le minerai sur place et donc entrer dans la cour des métallurgistes. C’est ce que nous avons fait en signant un accord, en avril 1998, avec Falconbridge, alors l’un des premiers producteurs de nickel, de cuivre, de cobalt et de platinoïdes. Nous possédons dès lors 51 % du capital de la co-entreprise KNS. Les travaux de l’usine peuvent débuter et sont menés à bien malgré les changements successifs de partenaires suite à des absorptions et fusions.

Mais vous ne vous arrêtez pas en si bon chemin et décidez de créer une usine offshore, en Corée du Sud…
En 2006, nous créons deux sociétés avec Posco, un métallurgiste coréen : la NMC, société minière basée en Nouvelle-Calédonie, et la SNNC, société de construction et d’exploitation d’une usine métallurgique basée en Corée du Sud, dont nous détenons, là aussi, 51 % du capital. L’usine de Gwangyang est officiellement inaugurée le 3 novembre 2008. Elle a produit 47 000 tonnes en 2018. Si vous ajoutez à cela l’usine de KNS, vous obtenez une production de 77 000 tonnes en 2018 pour un total de 3 000 emplois directs, indirects et induits.

Le pari de l’indépendance économique grâce au nickel est donc réussi ?
Oui et non. Mais nous sommes en bonne voie. Depuis le début, KNS a reversé 439 milliards au pays. En Corée, nous avons mis en place un nouveau modèle, en supprimant les traders et en travaillant directement avec le client, Posco. La SNNC a reversé 128 milliards au pays. Mais nous voulons aller encore plus loin et développer le même modèle en Chine, avec Jinchuan, le numéro un chinois du nickel, du cuivre et du cobalt. L’objectif est de traiter un minerai avec une teneur encore plus basse, toujours sur la base des 51 % pour la SMSP.

N’est-il pas dangereux de fonder le développement du Nord, et du pays, sur la seule ressource en nickel ?
Tout à fait. Le nickel est non seulement non renouvelable mais également soumis à des fluctuations de cours très importantes. C’est pourquoi ce n’est qu’un outil. Il faut exploiter au maximum la ressource pour en tirer des revenus que l’on réinjecte ensuite dans d’autres secteurs comme la recherche, la mer, le tourisme. Mais il ne faut pas le brader en l’exportant simplement. Il faut aussi maitriser sa transformation car c’est le produit fini qui crée la valeur ajoutée. Et avoir 51 % de cette valeur ajoutée, cela permet de financer les équipements, des infrastructures, et tout cela sans l’aide de la France.

Êtes-vous confiant dans l’avenir du pays ?
Tout à fait. Je n’ai aucune crainte. Nous vivons dans un pays merveilleux et nous allons donner aux gens les moyens de vivre décemment, grâce aux revenus tirés du nickel. Nous sommes dans cette ligne droite depuis toujours. La Nouvelle-Calédonie a les moyens de son indépendance économique. Et la paix durable et le vivre ensemble n’est qu’à ce prix. Il faut que les gens vivent correctement. Nous n’avons rien à craindre de l’avenir.

Propos recueillis par Véronique Mezille Photos Nicolas Job

 Un afflux de population lors du « Boom » du nickel

Entre 1963 et 1976, la Nouvelle-Calédonie vit une période charnière de son histoire avec une véritable « ruée vers le nickel ». Elle apparaît comme un Eldorado où tout est possible. Près de 20 000 nouveaux arrivants sont ainsi recensés sur le territoire, entre 1968 et 1972. Nouméa, la capitale, connaît alors une explosion démographique sans précédent avec un afflux de population originaire de métropole et des Dom-Tom (Européens, Polynésiens, Wallisiens et Futuniens, Antillais, Réunionnais, etc.). Estimée à 38 000 habitants en 1965, puis à 41 853 habitants en 1969, la population nouméenne atteint 56 000 personnes en 1976. Pour faire face à cet accroissement rapide, des habitations à loyers modérés poussent aux limites de Nouméa. Certains vivent sous la tente dans un camping installé non loin des plages. Le boom renforce l’aspect cosmopolite de l’agglomération. Les Européens, qui représentaient 61 % des Nouméens en 1968, forment 57 % de cette population en 1976 tandis que les Mélanésiens passent de 15 à 18 % et les Polynésiens de 6 à 8 %. En raison du départ de nombreux Asiatiques au lendemain de la guerre du Vietnam, leur pourcentage passe de 12,5 à 7 %. La population afro-caribéenne issue de cette immigration représente actuellement 2 000 personnes.