Avoir la chance de discuter avec Yvan Rollus, c’est comme ouvrir une grande encyclopédie. Car Monsieur Rollus vous donne très précisément les dates, les noms des personnages et parfois il nous fredonne même les musiques que nos jeunes oreilles n’ont pas encore eu le plaisir d’écouter…

Vous avez fait l’une des rares interviews de Dominique Gaumont, racontez-nous cette rencontre ?

C’était un 52 minutes, mais on a parlé trois heures parce que lui n’était jamais venu [en Guyane]. L’histoire est simple, c’est un ami qui le connaît et qui lui dit “pourquoi tu ne viens pas faire cette interview ?” puisqu’en dehors de France Musique et de France Inter qui lui accordaient des émissions en direct avec son groupe Energy, on ne le connaissait pas en Guyane. Il a dit “qu’est-ce que je vais y faire ?”, mon ami lui a dit, mais “tu ne connais pas Yvan Rollus ?”, “le nom de Rollus je connais”, “alors viens au moins faire plaisir à un compatriote ?”.

L’interview s’est bien passée ?

Il était content de me voir, il l’avait dit à ses parents qui lui avaient dit “embrasse pour moi un tel, un tel”. Il s’est trouvé à son aise et pendant que l’on faisait le montage on a laissé tourner la bande. Il m’a dit “raconte-moi Man Nini”, la maman d’Édouard Gaumont. Le petit me soûler et les bandes tournes (sourires), mais je ne sais pas que les bandes tournent. Le petit Dominique est ravi et il est venu avec sa petite fille. Quel balaise, quel culot le type, quel bonhomme ! Il voulait tout savoir sur la Guyane surtout sur Man Nini.

Peut-on qualifier la/les musiques guyanaises ?

Je vais vous dire ce que j’ai dit à une conférence : la musique guyanaise n’a pas eu de chef, on est tous trop sectaires. J’avais rappelé une chose, Bob Marley avant lui, quel était le rythme de la Jamaïque ? Un genre de calypso, il y avait comme chez nous une grande quantité de rythmes avec des percussions. Avec le ska, le rocksteady, il crée quelque chose de différent. Perez Prado : il y a aussi des Indiens à Cuba ? Avec le jeu qu’ils faisaient avec leurs bottines, on a trouvé l’idée du cha-cha-cha. Il était un arrangeur il a écrit tout sur le mambo à partir de cela. Mon rêve et qu’un jour quelque chose de génial, planétaire, que le monde entier est un rythme nouveau, un style nouveau qui soit né ici.

On n’expérimente pas assez ?

On décode, on imite tous les rythmes, c’est bien ! J’ai écrit, j’ai même fait des morceaux qui ont le rythme mambo-reggae c’est amusant. On se dépêche de faire comme le succès du voisin. Personne n’expérimente, la preuve rien n’est changé. À moins que je me trompe, à moins qu’il y ait des gens qui travaillent dans l’ombre, je n’en ai pas rencontré.

Pour vous quelle est la musique que vous associez immédiatement à la Guyane ?

Le kasékò mon cher ! Qui est devenu plus tard pas ce qu’on croit, le kasékò n’est pas devenu la biguine. La biguine est venue de la polka, il y a de vieilles biguines qui ont le rythme de la polka. Et il y a un Antillais qui en a bénéficié lorsqu’il est venu voir ses parents, Alexandre Stellio. Les vieilles biguines avant c’était comme ça (Yvan Rollus fredonne). Et c’est en Guyane qu’on l’a fait évoluer, on l’a adouci. Et Stellio est revenu chez lui et a dit je ramène un truc formidable !

Pour continuer sur le kasékò, quel est votre premier souvenir de tambour ?

Émile Romain me dit un jour “AH j’entends un tambour !” et je me suis dit j’entends « Moi aussi j’aime bien, mais pourquoi il est plus emballé que moi ? Cayenne c’était le violon, c’est à Sinnamary que j’ai entendu le tambour pour la première fois. On n’avait pas ces ambiances-là à Cayenne on voulait le violon, le tango, la rumba, mais Cayenne s’arrêtait au boulevard Jubelin [Nelson Mandela], puis un peu plus loin. C’était un petit coin élégant, mais c’est d’abord à Sinnamary que j’ai entendu le kasékò.