Leurs nids sont très visibles, en forme de longues poches tressées. Ils pendent en grappes au bout des branches d’un arbre isolé et se balancent au gré du vent. Bruyants et même bavards, les scientifiques viennent de découvrir en Guyane que certaines espèces de cassiques ont même développé des dialectes spécifiques par communauté.

Vous avez certainement déjà vu et entendu ces oiseaux. Ils nichent en colonies bruyantes dans les manguiers et les fromagers des villages, dans les mombins ou les palmiers des abattis, ou dans les cocotiers des bords de route ou les grands arbres en forêt…

On trouve quatre espèces en Guyane, familièrement appelées cassique à croupion jaune ou cul-jaune, cassique à croupion rouge ou cul-rouge, cassique huppé ou queue-jaune et grand cassique vert. Les deux premières espèces sont de taille moyenne et nichent souvent dans les villages, cependant les croupions rouges sont plus fréquents dans la grande forêt et en bordure de crique, et les croupions jaunes plus côtiers ou au bord des fleuves. Les cul-jaunes des manguiers près du vieux pont de Sinnamary sont bien connus des villageois et des touristes, mais les bourgs de Régina, Roura ou Kaw vous offriront souvent l’occasion d’observer ces deux espèces nichant dans un même arbre. Les deux grandes espèces ont également une répartition distincte : les cassiques huppés sont nettement côtiers, d’Awala-Yalimapo à Guizambourg, et faciles à observer également vers Sinnamary (nationale 1, Corossony, piste de l’anse) et Kourou (Guatémala), tandis que pour voir les grands verts vous devrez parcourir les routes et les pistes forestières sur la montagne de Kaw, la piste Bélizon, les routes de Saint Georges et d’Apatou, ou encore remonter les fleuves en pirogue en observant bien les plus grands arbres de la rive. Ce choix de construire les nids dans des arbres isolés (ou « émergents », qui dépassent nettement leurs voisins) semble jouer un rôle important dans la protection contre les prédateurs : les serpents et les singes qui circulent facilement dans la canopée (la cime des arbres) doivent d’abord descendre et passer par le sol pour escalader le tronc avant d’atteindre les nids, et encore faut-il que les intrus ne soient pas trop lourds pour pouvoir circuler sur les brindilles les plus flexibles. Les nombreuses colonies de cul-jaunes installées le long de la rivière de Kaw sont situées différemment : il y a peu de grands arbres dans une grande partie du marais, et la plupart des colonies sont installées dans les buissons épineux d’amourettes (sou maké) à très faible hauteur au-dessus de l’eau. C’est un moyen de protection efficace, même si par haute mer lors des grandes marées les nids construits aux niveaux les plus bas sont régulièrement noyés. Chez les cul-jaunes et cul-rouges, les nids sont parfois construits juste à côté d’un petit nid de guêpes noires en savane, ou d’un gros nid de guêpes jaunes en forêt. Ce serait encore un moyen de se protéger contre les intrus : avant d’atteindre les nids en bout de branche, il faut passer sur le nid de guêpes ! Les cassiques eux-mêmes, lorsqu’ils sont (bien rarement) importunés par une guêpe, la tuent d’un claquement de bec et la laissent négligemment tomber au sol. Mais les mouvements de la branche, à cause du vent ou des oiseaux, ne dérangent pas les insectes.


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