L’épave de l’Endurance, le navire de l’explorateur irlandais Ernest Shackleton (1874-1922) brisé par les glaces en 1915 au large des côtes de l’Antarctique, a été retrouvée en mars dernier dans la dangereuse mer de Weddell, par 3 000 mètres de fond. L’épilogue d’une aventure de survie extraordinaire devenue mythique…

Je ne sais comment le dire, alors je vais droit au but. Nous avons retrouvé l’épave de l’Endurance ! Et nous l’avons retrouvée cent ans jour pour jour après l’enterrement de Shackleton en Géorgie du Sud. La découverte a été faite à 16 h 5 GMT le 5 mars 2022, par 3 008 mètres de profondeur, à environ 6 km au sud du site du naufrage indiqué par Frank Worsley (le capitaine du navire). » C’est ainsi que Mensun Bound, archéologue marin britannique et directeur de l’expédition Endurance 22 menée en début d’année par le Falklands Maritime Heritage Trust, a annoncé la découverte sur le blog dédié. Une découverte exceptionnelle qui marque l’aboutissement de dix ans de recherches.
Si l’épave de l’Endurance suscite tant d’émotion et de curiosité, c’est qu’elle est au cœur de l’un des épisodes les plus héroïques de l’exploration polaire. À l’été 1915, Sir Ernest Shackleton s’apprête, à quarante ans, à relever un nouveau défi : réaliser la première traversée en traîneau de l’Antarctique entre la mer de Weddell et la mer de Ross en passant par le Pôle. Un raid de près de 3 000 km dans les terres les plus hostiles du monde et quasiment inexplorées. L’homme n’en est pas à sa première expérience. En 1901 déjà, alors que la course au pôle Sud bat son plein, il avait embarqué sur le RRS Discovery en tant que troisième lieutenant, sous les ordres de Robert Falcon Scott. Mais très affaibli par le scorbut, il est rapatrié en cours de route. Obsédé par l’Antarctique, il monte alors sa propre expédition. Et en 1907, le voilà reparti sur le Nimrod, un vieux phoquier de Terre-Neuve. « S’élancer à la conquête des terres vierges, c’est être poussé par le goût de l’aventure, par l’appétit scientifique ou encore par le mystérieux attrait de l’inconnu », écrit-il alors. S’il réussit à atteindre l’emplacement estimé du pôle magnétique, et à faire la première ascension du mont Erebus, le grand volcan antarctique, il est contraint, faute de vivres suffisants, d’abandonner à quelque 180 km seulement du pôle géographique. Un échec certes, mais un exploit pour l’époque qui lui vaut d’être anobli par le roi Édouard VII. Ce n’est pas lui mais le Norvégien Roald Amundsen qui le premier atteindra le pôle en décembre 1911, coiffant sur le poteau le Britannique Robert Falcon Scott.
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