Le riz a une place très particulière dans la culture des Marrons comme le témoignent les offrandes aux ancêtres lors des levées de deuil (Puu baaka). En effet, le riz est offert en quantités colossales lors des fêtes de deuil chez les Marrons alors que le manioc, qui constitue pourtant la base de l’alimentation quotidienne, y est à peine présent.
Chaque femme du lignage doit préparer du riz cultivé à l’abattis et vanné à la main. Il est alors appelé nenge alisi, par opposition au riz acheté dans le commerce (agina).
La nuit précédant la cérémonie de levée de deuil, quelques heures avant l’aube, la place du village est investie par les femmes avec leur mortier. Les mortiers sont placés en ligne au centre de la place et toutes les femmes se placent autour avec leur pilon : c’est la cérémonie du lolo mata (« rouler les mortiers ») qui consiste à piler le riz de manière collective. Chaque femme change successivement de mortier, suivant une sorte de danse rythmée par le pilage du riz. Les hommes eux aussi peuvent participer à ce travail collectif qui se passe à la lumière de la pleine lune (les dates des levées de deuil sont toujours choisies en fonction de la lune). Le riz est ensuite vanné à la main dans les grandes batées (té) sculptées par les hommes pour leurs épouses.
Le riz ainsi débarrassé de son enveloppe, sera ensuite rapporté à la maison, pour être préparé par les femmes. Le lendemain, chacune apportera sur la place du village son plat de riz, présenté sous forme de dôme, pour les offrandes qui auront lieu au bord du hangar mortuaire. Après les offrandes, le riz déposé sur les feuilles de bananier, sera abandonné aux chiens. En effet, celui-ci est vidé de sa substance vitale, de sa force (kaaktiki), car il est déjà consommé par l’esprit des ancêtres.
Le riz prend aussi une place particulière le dernier jour du Puu baaka, le dimanche, où tous les mets préparés sont posés sur la grande table (gaan tafa) dressée devant le hangar mortuaire. Cette fois-ci tous les convives (en principe, il ne reste que les proches) sont conviés à partager ce repas où trouvent place toutes les recettes traditionnelles aluku (plats à la sauce d’arachide pinda baafu, soupe de manioc afiingi, gombo oko, tortue koo, poulet foo, oeufs frits baka egi), le riz étant toujours l’accompagnement de choix.

L’importance du riz pendant le marronage
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