Octobre 2015. L’orage vient de passer et nous sommes trempés. Le sous-bois est dense et sombre, et pourtant il n’est que midi. Notre progression le long de la crique est plus difficile que prévu. Déposés sur le bord de la RN2, au milieu de nulle part, ma femme et moi avons prévu une semaine pour rejoindre le débarcadère de Kaw ; nous transportons notre canoé gonflable, ce qui alourdit considérablement les sacs. Ce n’était peut-être pas une si bonne idée finalement…
Une pause sur des rochers et nous tombons sur les premières traces humaines depuis deux jours, des polissoirs. On sort la carte, la colline que l’on cherche est en face. Nous posons les sacs et nous nous lançons, allégés, dans l’ascension. C’est plus pénible que ce que l’on espérait, mais nous sommes tellement contents d’être là que nous avançons d’un bon pas. On est loin de la forêt primaire décrite dans de nombreux ouvrages comme «dégagée» ; les très nombreux palmiers de sous-bois coupent toute visibilité. Un bruit devant nous, et quatre hoccos peu farouches nous observent depuis leur branche. Nous reprenons la marche ; au moins nous ne serons pas complètement bredouilles… Au sommet, nous fouillons chaque tronc au sol, chaque souche, chaque chablis. Partout nous avons l’impression de voir apparaître une vieille aile rouillée…
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