USG_HS07_CVLe chantier de construction du pas de tir d’Ariane 6, au nord-ouest de Kourou, a permis d’ exhumer les restes d’une faune marine exceptionnelle vivant il y a quelque 126 000 ans.  Une première sur le territoire guyanais ! La Guyane héberge aujourd’hui une biodiversité ébouriffante dans les composantes terrestres et aquatiques de ses fragiles écosystèmes. C’est donc peu dire que le contraste est immense avec le registre fossile du territoire, vierge de tous restes fossilisés d’animaux et végétaux. Les travaux du pas de tir d’Ariane 6 à Kourou viennent d’ouvrir une première fenêtre inespérée vers ce passé paléontologique.

Pour le commun des mortels, paléontologues et astronautes ont ce point commun : tutoyer l’inaccessible. Qui n’a jamais rêvé de plonger dans le passé lointain de notre planète, au moment où vivaient mammouths et autres paresseux géants ? Ou de s’extraire de l’attraction terrestre pour observer cette bonne vieille planète bleue avec un peu de recul, depuis une capsule spatiale ? Le Centre Spatial Guyanais est en passe de réussir le tour de force d’allier ces deux rêves éveillés, dans un seul et même lieu. Pourtant, quand les gigantesques travaux d’aménagement du pas de tir ELA4 du lanceur Ariane 6 ont commencé en 2015, personne n’aurait misé un kopeck sur cette perspective-là. Et puis, sous la savane côtière, les godets géants des tractopelles ont rapidement traversé d’anciens sols rouges, avant d’atteindre des sables argileux gris, reposant eux-mêmes sur de très vieux granites présents depuis plus de deux milliards d’années. Rien d’étonnant à cela, si ce n’est que les sables gris contenaient de larges bancs d’huîtres géantes fossiles. L’équipe du projet SOURCE, dédié depuis 2016 à la recherche d’indices de la biodiversité passée en Guyane (voir Dossier Paléo USG n° 20), a logiquement été informée de cette découverte exceptionnelle. Constituée de paléontologues et de géologues des Universités de Guyane et de Montpellier et aidée d’acteurs locaux de l’environnement, l’équipe a pu mener une campagne de terrain dite “ de sauvetage ” en avril 2019, pendant les toutes dernières phases des travaux d’ELA4. Les résultats, spectaculaires, sont pour la première fois dévoilés ici. Car il n’y a pas que des huîtres, loin de là !

Le passé lointain de la Guyane joue à cache-cache


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