Arbovirus, leishmaniose, toxoplasmose, histoplasmose, la biodiversité guyanaise se révèle aussi par d’inquiétantes pathologies plus ou moins courantes. Nous sommes allés, avec l’aide du Centre d’étude de la biodiversité amazonienne, à la rencontre des chercheurs qui font avancer une Science médicale tropicale de plus en plus performante en Guyane.

Nul n’est besoin de souligner l’importance des maladies à vecteurs en Guyane. En 1763, les membres de “ l’expédition de Kourou ” ont découvert à leurs dépens que certaines facettes de la biodiversité étaient peu séduisantes. Décimés par la fièvre jaune, la dysenterie et le paludisme, ils ont eu à faire face à l’incroyable diversité des pathogènes présents en forêt amazonienne. Depuis, l’étude de l’épidémiologie des maladies infectieuses et de leurs remèdes, qu’ils soient “ bio-inspirés ” ou non, a été au cœur des recherches scientifiques en Guyane.

Du sang, du sang !

Les espèces animales sont impliquées à plus d’un titre dans les épidémies. Les petites bestioles suceuses de sang (hématophages) jouent naturellement un grand rôle dans cette tragédie. Les moustiques transmettent le paludisme, mais aussi des arboviroses (voir la chronique du Doc Lucho p74). Le vampire commun (Desmodus rotundus) a lui aussi une forte mauvaise réputation, non seulement pour sa mauvaise habitude de prendre des repas sanguins sans autorisation préalable, mais aussi parce qu’il transmet occasionnellement la rage desmodine. Il n’y a pas si longtemps que l’on connaît le rôle potentiellement néfaste de ces organismes vecteurs – leur rôle n’a été découvert qu’à la toute fin du XIXe siècle par Ronald Ross pour le paludisme et par Walter Reed et ses collaborateurs pour la fièvre jaune, et a valu au premier un prix Nobel de médecine en 1902 (le second est mort l’année précédente d’une bête appendicite – sic transit gloria mundi). En fait, une bonne partie du Sud de l’Europe abritait des zones humides impaludées jusque dans les années 1950, et la stratégie d’éradication du paludisme dans ces zones est passée par un assèchement des zones de marais et un épandage massif de DDT… pour laisser la place aux complexes balnéaires de la côte Méditerranéenne et Adriatique.
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