Le thé, deuxième boisson la plus consommée au monde, n’est pas produit qu’en Chine, au Vietnam ou en Inde, mais aussi au cœur de l’océan Indien, sur l’île de La Réunion. Abandonnée dans les années 1970 puis développée à nouveau depuis une quinzaine d’années, la production réunionnaise constitue la filière française la plus importante et inspire des initiatives florissantes. Reportage

“La Reine d’Angleterre comparait le thé réunionnais au thé de Ceylan ! » croit savoir Pascal Picard, alias Popeye, agriculteur à la Plaine des Palmistes, commune rurale du centre de La Réunion nichée entre deux massifs volcaniques. La petite phrase est difficile à vérifier, mais le goût des Anglais pour le thé réunionnais semble, lui, confirmé. Si la culture du théier est millénaire, c’est dans les années 1950 qu’il est importé sur l’île Bourbon et implanté principalement à Sainte-Suzanne, Grand Coude et la Plaine des Palmistes où le sol acide et l’humidité des hauts de l’île convenaient particulièrement à sa culture. « Mais l’usine a été foutue dans le fond en 1972 » continue Popeye, en référence à la fermeture de l’usine de la Coopérative des producteurs de thé de la Plaine des Palmistes au début des années 1970. Développée pendant une quinzaine d’années, la culture du thé a été abandonnée progressivement dès 1965. En cause, l’effondrement du cours du thé réunionnais. Devenu peu rentable sur le marché face à la concurrence étrangère les autorités ont décidé de le remplacer par le géranium, production locale autrement plus lucrative. « Le thé a toujours été là, on l’utilisait pour nous, un peu comme les autres plantes médicinales » poursuit Popeye. Dans le fond de sa parcelle de 18 hectares, l’homme a toujours vu pousser des théiers, « il y en a eu jusqu’à un hectare », précise-t-il. Héritier, peut-être, du savoir-faire de sa tante qui travaillait dans les exploitations des années 60’, le cinquantenaire s’attèle aujourd’hui à relancer sa production sur quelques centaines de mètres.
Suite réservée aux abonnés…