Une abstention record et un vote en faveur des extrêmes pourraient résumer l’élection présidentielle dans les Outremer. Emmanuel Macron n’a recueilli que 41,7 % des voix dans l’ensemble des territoires ultramarins. Pour la première fois, l’extrême droite est arrivée en tête hors des frontières de l’Hexagone, excepté dans le Pacifique. Les électeurs ultramarins ont largement utilisé le scrutin d’avril 2022 pour signifier leur désaccord profond avec l’ancien et actuel président.

En Nouvelle-Calédonie, 65,2 % ; en Guyane, 61,1 % ; en Guadeloupe 52,8 % ; en Polynésie française, 57,7 %… l’abstention reste la grande gagnante du scrutin présidentiel de 2022. Dans les départements, régions et collectivités d’outre-mer, les taux de participation sont bien inférieurs à la moyenne nationale lors du second tour, le 24 avril dernier. Même si trois territoires se sont davantage mobilisés, Wallis-et-Futuna (38,6 %), La Réunion (40,6 %) et Saint-Pierre-et-Miquelon (42,9 %), c’est plus d’un électeur sur deux qui n’est pas allé voter sur l’ensemble de la communauté ultramarine (51,3 % d’abstention). Comment expliquer un tel désintérêt ?
Pour la politologue et chercheuse invitée au Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po), Christiane Rafidinarivo, il convient d’analyser ces résultats selon les territoires. « En Nouvelle-Calédonie, le parti indépendantiste avait appelé ses électeurs à ne pas se rendre aux urnes, l’abstention est donc un acte politique, voire partisan ». L’appel des indépendantistes a été largement suivi puisque seules 76 000 personnes sont allées voter. « En Guyane, il y a beaucoup de mal-inscrits [des individus inscrits sur une liste qui ne correspond pas à leur lieu de résidence] pour des raisons démographiques. »
Christiane Rafidinarivo, auteure d’analyses comparées entre la France entière et les Outre-mer lors d’élections, scrute la recomposition politique depuis 2012. Pour elle, l’abstention n’est pas une surprise. Elle rappelle que celle-ci bat des records lors des élections intermédiaires comme les Européennes, qui ne parviennent pas à mobiliser les électeurs ultramarins. Mais pour la présidentielle de 2022, elle précise, qu’à l’inverse de la métropole, ils ont davantage voté au second tour qu’au premier tour.

Élection présidentielle & législative Vague ultra “Marine” & déferlente Nupes?

Un vote sanction
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