Depuis 2016, quelque 3501 moyen-orientaux ont immigré en Guyane. Ils et elles ont fui l’horreur de la guerre. Une Saison en Guyane est allé à la rencontre de plusieurs d’entre eux, mettant des visages et des histoires derrière le mot “réfugié”. Des Hommes on ne peut plus “normaux”. Et en même temps hors du commun. En Guyane, ils s’intègrent progressivement à travers l’école, le travail, les arts ou le sport.

L’espoir d’une nouvelle vie

« Et tout ça à cause de la guerre, du pouvoir ! » Le regard foncièrement triste et ardemment optimiste à la fois, Najah, 20 ans, prononce ces mots après avoir détaillé le périple qu’elle et sa famille ont parcouru d’Idleb (nord-ouest de la Syrie) à Cayenne. L’aînée de la fratrie de quatre enfants tient le rôle d’interprète aux côtés de ses parents.
Ce périple, ce « tout ça », démarre à 9 945 kilomètres des terres guyanaises. En Syrie, en 2011. Comme des millions d’autres familles, Monsieur et Madame Falaha – lui commerçant ; elle ingénieure civile – prennent la décision, en 2012, de quitter le pays pour protéger leurs enfants d’un quotidien fait de bombardements. « C’était des militaires partout, sur terre, dans l’air. Du sang, des morts », rapporte Najah. Dans leurs valises, quasiment rien. « On n’avait pris que quelques vêtements, tout ce qu’on aimait est resté. Je me rappelle très exactement de comment j’ai laissé mon lit. Même si on m’a dit que notre maison n’existe plus, dans ma tête rien n’a bougé. »
Ces maigres bagages, ils les posent sur le sol frontalier, en Jordanie. « Je pensais qu’on n’y resterait que deux, trois mois, le temps que les choses se calment », explique le père de famille. Ce seront finalement deux ans. Mais l’avenir n’est pas prometteur en Jordanie2. Il faudra s’exiler plus loin. En Europe ? Oui. Mais livrer sa vie à des passeurs ? Non. Zahi Falaha frappe aux portes des différentes ambassades. « Celle du Brésil était la seule à délivrer un laissez-passer aux Syriens .»
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