Les migrants colombiens qui gagnèrent la Guyane dans les années 70 étaient principalement originaires du nord-ouest du pays, de Valle del Cauca. Une première vague de migration organisée par la France fut décidée pour la construction de la base spatiale de Kourou. Puis, dans les années 2000, certains ont rejoint Cayenne pour des raisons politiques, économiques ou familiales.

L’émigration de Colombiens vers la Guyane se décline en deux étapes qui s’étirent sur une trentaine d’années et s’articulent fortement autour du regroupement familial, légal ou non. La plupart des familles qui résident aujourd’hui dans la collectivité guyanaise sont originaires « de Valle del Cauca : de Cali, Yumbo, Florida » explique Libia Maria Mejia-Roch, présidente de l’association cayennaise Olá Colombiano, tierra querida créée en 2003. Cette région occidentale où alternent élevages, grandes exploitations de canne à sucre, de riz et pôles industriels se compose de la plaine du Pacifique, de la cordillère occidentale et centrale et de la vallée interandine du fleuve Cauca.
« Les premiers migrants qui sont arrivés ont fait venir les autres et ça a créé une communauté assez grande. Les premières familles sont venues dans les années 70. À l’époque ce sont eux qui ont fait les routes dans la forêt » raconte Madame Mejia-Roch. « Confrontées au manque de main-d’œuvre locale pour la construction de la base spatiale à Kourou, les autorités françaises recrutaient officiellement à partir de 1964, à travers l’Office français des migrations internationales, plusieurs centaines de Colombiens et surtout de Brésiliens. Au terme de leur contrat, ces travailleurs devaient rentrer dans leur pays » relate le géographe Stéphane Granger. « Les autorités françaises sont venues chercher environ 1 000 hommes, eux-mêmes ont fait venir leurs femmes. Puis beaucoup sont repartis et ne sont restées qu’une trentaine de familles » complète la présidente de l’association.
Animateur à Radio Péyi, Christian Domput plus connu sous le nom de “ Pedro” né à Yumbo il y a vingt-huit ans raconte : « Quand j’avais quatre ans, ma mère est venue en Guyane pour suivre une tante arrivée trois ans plus tôt. Elle m’a laissé la-bàs pendant un an et quand j’ai eu cinq ans elle m’a ramené avec elle. Ma mère a fait venir une douzaine de personnes de la famille et après chacun, au fur et à mesure, a fait venir sa femme… J’ai eu une enfance magnifique dans mon pays natal » se souvient Pedro, assis à la terrasse d’un café du centre-ville cayennais. L’homme nourrit toujours de grands échanges avec sa ville de naissance, ville voisine de Cali, où résident son père et la frange paternelle de la famille.
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