L’exploitation forestière guyanaise s’est considérablement modernisée ces dernières années. Si elle est rentrée de plain-pied dans le XXIème siècle, elle est désormais confrontée à des choix cruciaux qui mettent son avenir en péril.
Alors, quitte ou double ?

Il fait encore nuit dans la forêt de la Mataroni, au sud de Régina. Les bûcherons quittent la base vie et montent sur leurs quads, direction le chantier d’abattage. Ils croiseront peut-être le jaguar ce matin, avant que le bruit des machines ne le fasse fuir un peu plus loin. Le soleil se lève et Jean-Baptiste, 26 ans, au volant de son skidder, un tracteur forestier articulé de 250 CV, traîne déjà en sous-bois une grume dans sa pince géante. Plus loin, Julien, 25 ans et originaire de Cayenne, écoute Eminem pour se réveiller, aux commandes de son abatteuse de 44 tonnes. Sa machine saisit un arbre de 30 m et l’abat en quelques secondes, comme on écarterait une branche en forêt… Ces techniques pourraient paraître dangereuses pour la forêt et notamment pour les sols forestiers, éminemment fragiles. Pourtant, ce sont là les nouveaux standards de l’exploitation forestière en Guyane et ils représentent certainement ce que l’on fait de mieux en la matière. Filière méconnue, même par les Guyanais, l’exploitation forestière nourrit certains fantasmes. Fronts pionniers, exploitation à la Atilla où rien ne repousserait après coup, pollution excessive des cours d’eau, voici quelques-unes des idées reçues qui ont cours au sujet de l’exploitation de cette ressource naturelle renouvelable.

Une filière méconnue
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