MINI_CV_BK09Symbole d’une certaine réussite sociale, d’un manque de perspective scolaire, d’une activité sexuelle précoce, d’une méconnaissance autour de la contraception ou de violences sexuelles généralisées… Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène de maternité à l’adolescence en Guyane.

Rue Louise Orsini, à Saint-Laurent-du-Maroni, il est à peine huit heures. Le téléphone retentit déjà dans le cabinet de Carine Leva. La journée n’a pas encore commencé, mais le rythme effréné qui attend cette sage-femme libérale, d’une quarantaine d’années, est déjà donné. Ce jour-là, dix-sept rendez-vous remplissent les cases d’un emploi du temps chargé. « La demande est très forte, nous pourrions travailler en non-stop », observe la professionnelle de santé dans sa blouse rose pâle.
Victoria* ne tarde pas à se présenter sur le seuil de la porte. La jeune femme de 22 ans n’a pas de rendez-vous. Elle est venue pour être rassurée. D’une petite voix réservée, teintée d’une douleur encore vive, cette maman d’un enfant de un an et demi confie avoir fait une fausse couche. En quelques mots, Carine Leva ôte le poids de la culpabilité qui pèse sur ses frêles épaules. « Les fausses couches sont très fréquentes. Elles montrent que le corps fonctionne et qu’il est capable de dire quand c’est le bon moment ou non ». Puis c’est au tour de Soraya, 24 ans. Enceinte de sept semaines, cette mère de deux enfants, vêtue d’un t-shirt Titi et d’un short cycliste vert admet, hésitante, ne pas être certaine de vouloir poursuivre sa grossesse. Après un temps d’échange avec la sage-femme, elle décide de l’interrompre et quitte le cabinet munie d’un rendez-vous au Centre Hospitalier de l’Ouest Guyanais (CHOG). Lui succède Alice, un petit bout de femme de 20 ans joviale et bavarde. Maman d’une petite fille, elle attend son deuxième enfant. « Je ne sors plus de chez moi, avoue-t-elle, agacée. Selon l’échographie c’est une fille, mais tout le monde me dit que vu la forme de mon ventre c’est un garçon. Ils ne peuvent pas s’empêcher de me donner leur avis… ». Carine Leva sourit : « Ne nous empêchez pas de sortir pour ça. Ma collègue annonce le sexe du bébé que si elle en est certaine ».

Une grossesse sur dix est celle d’une jeune fille de moins de 18 ans
Suite réservée aux abonnés…