Guyane – Établir une carte d’identité des grains d’or afin de garantir leur origine géographique en vue de lutter contre l’orpaillage illégal… Voilà un rêve qui pourrait bientôt devenir réalité ! Dans le cadre du projet Or_igin, lancé en  2018 par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), Anthony Pochon, chercheur en postdoctorat, a passé au crible de l’analyse 55 échantillons du précieux métal issus de 18 localités différentes de Guyane. Quelque 5% proviennent de gisements primaires, le reste des dépôts alluvionnaires issus de leur altération, les fameux placers, cibles privilégiées des orpailleurs. Résultat : le premier critère distinctif est bien, comme l’avaient montré plusieurs études antérieures, la teneur en argent. « Celle-ci suit, dans chaque population de grains, une loi de distribution statistique particulière qui permet d’identifier des lots de provenances différentes » relève le chercheur. Mais cette signature ne suffit pas toujours. Elle peut en effet être identique dans des placers distants de quelques kilomètres. « D’où la nécessité de recourir à d’autres critères complémentaires comme la nature et l’abondance des inclusions minérales piégées à l’intérieur des grains d’or. Inférieures à 10 microns, elles sont composées de sulfures (pyrite, chalcopyrite, etc.), de tellures de bismuth ou de plomb, plus rarement des sulfosels, caractéristiques des gisements primaires et de leurs conditions de formation. Nous pouvons désormais ajouter un troisième critère : la concentration des grains d’or en éléments chimiques présents à l’état de traces tels que le cuivre, le plomb, le bismuth, le cadmium, l’étain ou l’antimoine. » Ensemble, ces trois critères sont de bons indicateurs de l’origine géographique de l’or. Et pour distinguer celui extrait légalement ou illégalement, il suffit de compléter ces analyses par un examen des grains par microscopie optique. « L’or issu de l’orpaillage est le plus souvent amalgamé avec du mercure. Or cette opération oblige à chauffer le mélange pour évaporer le métal, générant ainsi une forte porosité en bordure des grains. D’où une texture spongieuse, en chou-fleur, et un enrichissement de quelques % en mercure. » Reste maintenant à réaliser une banque de données afin de rendre possibles les comparaisons et garantir au consommateur une origine certifiée de son or. Une décision cette fois-ci politique.