Les Antilles – les îles des Antilles abritent une faune remarquable dont l’origine reste débattue. De grosses similitudes existent entre les plus anciens mammifères connus aux Grandes Antilles, aux Petites Antilles (en l’occurrence des petits rongeurs apparentés aux chinchillas) et sur le continent sud-américain, qui suggèrent des échanges terrestres entre ces trois entités. Mais comment ont-ils voyagé de l’une à l’autre ?

L’hypothèse d’une connexion terrestre confirmée ?
Cette question est, parmi d’autres, au cœur du projet soutenu par l’ANR GAARAnti, initié en 2017 et dont l’objectif est de reconstituer l’évolution géodynamique de la région et l’histoire de sa biodiversité. Les scientifiques impliqués ont fait l’hypothèse qu’une connexion terrestre existait dans un lointain passé entre l’Amérique du Sud et les Grandes Antilles, baptisée GAARlandia (pour Greater Antilles Aves Ridge). Quant aux échanges entre Grandes et Petites Antilles, ils auraient été rendus possibles grâce à l’émergence, il y a 30 ou 40 millions d’années, d’une vaste terre émergée de la taille de Cuba au nord-est des Caraïbes. C’est la conclusion à laquelle sont arrivés Mélody Philippon, de l’Université des Antilles, et ses collègues, en croisant observations sur le terrain et données géophysiques à terre et en mer. L’émergence de cette terre, qu’ils ont baptisée GrANoLA (pour GReater Antilles-NOrthern Lesser Antilles), serait la conséquence d’une modification de la cinématique des plaques tectoniques. Laquelle aurait entraîné un raccourcissement de la croûte terrestre au nord-est des Caraïbes et donc son épaississement et son soulèvement. Après cette réorganisation tectonique, la croûte terrestre aurait à l’inverse subi un étirement et un amincissement à l’origine de la submersion et donc de la disparition de l’éphémère GrANoLA.
(M. Philippon et al., Plos One, https://doi.org/10.1371/journal.pone.0241000)