Guyane – En consommant les fruits de certains arbres, les animaux dispersent leurs graines, contribuant ainsi à la régénération de la forêt. Mais des chercheurs français du Muséum National d’Histoire Naturelle et du CNRS viennent de montrer qu’en Guyane, la chasse, qu’elle soit de subsistance ou commerciale, entrave cette régénération.

De 2009 à 2012, ils ont dénombré les fruits et les graines présents sous les arbres appartenant à quatre familles (Sapotaceae, Myristicaceae, Burseraceae et Fabaceae) dans la réserve naturelle des Nouragues, une aire protégée, et sur la montagne de Kaw, partiellement habitée et chassée.

Résultat : à Nouragues, 77 % des graines sont en moyenne enlevées par les grands primates frugivores contre seulement 47 % sur la montagne de Kaw, où leurs effectifs se sont effondrés ces dernières décennies. L’impact de la chasse est particulièrement marqué pour les espèces dont les graines sont exclusivement dispersées par les mammifères comme les Sapotaceae.

Sur le long terme, les chercheurs prévoient un appauvrissement de la biodiversité : les espèces dont la reproduction est inféodée aux animaux les plus chassés (tels les primates) risquent en effet de disparaitre au profit d’une minorité d’espèces aux graines plus petites dispersées par le vent.

(O.Boissier et al., Ecological Applications/DOI : 10.1002/eap.2086, 2020)

Crédit Photo : Thibault Cocaign