La Réunion – Des chercheurs de l’université de la Réunion ont remonté le temps. Ils ont étudié la reconstruction des forêts de l’île sur plus de 600 ans en analysant les coulées de lave sur les pentes d’un des volcans les plus actifs au monde : le Piton de la Fournaise. Lorsque la lave se dépose sur ses versants, « elle détruit les forêts existantes qui se rebâtissent continuellement. En datant les multiples coulées de lave, il est donc possible de connaître l’âge de la végétation portée par ces coulées et de mettre en perspective les caractéristiques des végétaux présents sur chaque coulée avec les caractéristiques des écosystèmes à un moment donné. Ici, nous nous sommes intéressés à la disponibilité des vertébrés indigènes qui disséminait abondamment les végétaux avant la colonisation humaine », explique Sébastien Albert, un des auteurs de l’étude publiée en février dernier dans la revue Journal of Ecology. Ils montrent l’impact négatif important de l’extinction des frugivores sur la résilience de certaines plantes.

En effet, avant la colonisation par les humains, les forêts étaient très diversifiées et dominées par des espèces végétales à fruits charnus. Mais, après le 17ème siècle, lors de l’installation des humains sur l’île, ces plantes se sont révélées beaucoup moins présentes et, en 1800, les plantes à gros fruits qui dominaient auparavant les canopées étaient presque disparues. Cette perte de biodiversité se déroule en même temps que la disparition des grands animaux frugivores comme les tortues géantes ou les renards volants, décimés par la chasse intensive et les prédateurs introduits. L’étude conclut : « La perte spectaculaire de la diversité des plantes à fruits charnus dans les coulées de lave historiques met en évidence le rôle de dispersion irremplaçable joué par les frugivores, en particulier les espèces de grandes tailles.» 

Crédit photo Hervé Douris