Guyane – Clap de fin pour le projet Malakit lancé en 2017 par Maylis Douine et son équipe du Centre d’Investigation Clinique Antilles – Guyane (CIC), destiné à lutter contre le paludisme chez les orpailleurs. Le projet est né d’un constat. « En 2015, l’enquête épidémiologique Orpal confirmait ce que nous supposions : à savoir que plus de 20% des orpailleurs clandestins étaient porteurs du plasmodium, le parasite à l’origine du paludisme, parfois même sans le savoir », note la médecin. Et de poursuivre, « cela a évidemment des conséquences en termes de santé publique puisque ce sont des gens mobiles, qui utilisent des médicaments achetés au marché noir et qu’ils ne les prennent pas correctement. Autant de comportements qui favorisent l’apparition de résistances et la réintroduction de la maladie dans des zones où elle avait disparu. » D’où l’idée de fournir à cette population des kits d’autodiagnostic et d’autotraitement composés de 3 tests rapides, d’un traitement complet du paludisme et de paracétamol, ainsi qu’une moustiquaire. « Puisqu’il nous était impossible d’aller sur les sites d’orpaillage, des médiateurs ont assuré la distribution des kits dans différents lieux de passage le long du Maroni et de l’Oyapock, et la formation des orpailleurs à leur utilisation. D’avril 2018 à mars 2020, environ 3 500 d’entre eux ont ainsi reçu plus de 4 500 kits », précise l’épidémiologiste. Le bilan provisoire de l’opération, cofinancée par le Fonds européen PCIA, s’avère très positif. « On estime que 73 % des gens les ont bien utilisés et que deux fois moins d’orpailleurs ont acheté des médicaments au marché noir. Notre programme a probablement contribué à réduire la prévalence du paludisme dans la région, laquelle est passée de 22% au début de l’étude à 5% aujourd’hui », s’enthousiasme Maylis Douine. Dès le 1er avril, il a d’ailleurs été repris par le ministère de la Santé du Suriname via son programme national de lutte contre le paludisme. « Mais c’est un outil qui pourrait être adapté à toutes les populations isolées et à l’écart des systèmes de soin. L’idéal serait qu’il devienne une stratégie reconnue par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Ce qui faciliterait son usage », conclut-elle.

(www.malakit-project.org)

Crédit photo: Malakit Project