Guadeloupe – Mauvaise nouvelle : Miconia calvescens, celle que l’on appelle « le cancer vert » à Tahiti et « la peste pourpre » à Hawaï est présente en Guadeloupe. Des centaines de pieds ont été découverts et recensés en mars dernier à l’orée du Parc national. Cette plante arbustive, de la famille des Mélastomatacées, pousse naturellement en lisière des forêts humides tropicales des montagnes d’Amérique latine. Introduite en 1937 à Tahiti dans un jardin privé pour ses qualités ornementales, elle se retrouve aujourd’hui dans les forêts humides d’autres îles de la Polynésie française, mais aussi à Hawaï, en Australie, au Sri Lanka, en Nouvelle-Calédonie, en Martinique et, désormais, en Guadeloupe. Mais la belle plante est devenue un paria. « Elle est l’ennemie floristique numéro 1 dans les îles tropicales en raison d’une incroyable dynamique conquérante. Elle croit très vite (elle peut atteindre 12 mètres en seulement 8 ans) et ses larges feuilles opaques plongent les sous-bois dans la pénombre, privant les espèces sous-jacentes de lumière. Elle a également une aptitude forte à faire de nombreux rejets à partir d’un tronc coupé. Qui plus est, elle produit des milliers de minuscules graines qui s’accumulent dans le sol ou sont facilement dispersées par les oiseaux et les vents » détaille Marc Gayot, de l’ONF Guadeloupe.

Les conséquences sont dramatiques pour la biodiversité. « À Tahiti, ce Miconia a colonisé 80 000 ha, soit 70 % de l’île, menaçant de disparition de nombreuses espèces endémiques d’herbacées, d’arbustes et d’autres petits arbres. Et sa prolifération sur les pentes des reliefs est souvent à l’origine de glissements de terrain » poursuit l’agent de l’ONF.

Miconia calvescens

Miconia calvescens Crédit Photo Marc Gayot ONF

 

 La solution ? L’éradiquer. 

La Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) de Guadeloupe vient donc de passer un marché avec l’ONF et « Jardins et paysages », une entreprise locale d’espaces verts, pour prospecter la zone où elle a été détectée et arracher les pieds afin d’éviter toute nouvelle dispersion. « Mais la lutte ne fait que commencer, car on sait que les graines peuvent rester dans le sol au moins 14 ans… » À suivre donc.