Brésil – En 2015, une épidémie de Zika, virus transmis par le moustique Aedes aegypti, a touché le continent américain et la Caraïbe. Les symptômes sont généralement restés bénins : maux de tête, fièvre, conjonctivite, douleurs musculaires et articulaires… Mais dans certaines régions du nord-est du Brésil, un grand nombre de nouveau-nés infectés in utero ont été atteints de microcéphalies (réduction de la taille du crâne et donc du cerveau) et de troubles neurologiques. Le virus pénètre dans les cellules qui forment le cerveau des fœtus, entravant son développement. Mais très vite, des médecins argentins ont émis l’hypothèse d’un lien avec l’utilisation dans ces régions d’un insecticide, le pyriproxyfène. Le produit avait été déversé quelques mois auparavant dans les réservoirs d’eau potable pour tenter d’inhiber la croissance des larves de moustiques. Une équipe du Muséum national d’histoire naturelle et du CNRS vient de confirmer l’influence néfaste de cet insecticide sur le développement cérébral. Les expérimentations qu’elle a menées en laboratoire sur des têtards et des cellules souches issues de cerveaux de souris montrent que le pyriproxyfène bloque l’action de l’hormone thyroïdienne d’où une altération des processus indispensables au bon développement cérébral des fœtus. De quoi exacerber les effets du virus Zika sur ce dernier. (P.Vancamp et al., Environmental Pollution 285, 117 654, 2021)