C’est un programme de prévention du virus de l’immunodéficience humaine mené auprès des « travailleurs du sexe de Kourou » qui signe la genèse de l’association Ader (actions pour le développement, l’éducation et la recherche) en 2009. Un travail concomitant de prévention suicide suivi sur le Haut-Maroni par un bénévole, Emmanuel Tokotoko, allait sceller l’autre volet d’action de la structure. Depuis trois ans, l’association n’a pas changé de cap et s’implique auprès d’un public pluriel pour lequel « il y a encore plein de choses à faire » livre Rozenn Le Pabic, la directrice. Face aux suicides qui endeuillent les familles des villages esseulés et à l’épidémie de VIH qui frappe la région, on ne doute pas de l’immensité de la tâche. Il n’est pas facile de stopper les suicides qui rongent les familles, car « il y a peu d’associations » et « les carences en terme d’accès aux soins et à la santé » perdurent alors qu’elles sont clairement identifiées. Pour rompre « l’isolement » des habitants, un réseau de villageois « sentinelles » était mis sur pied en avril 2011 de Maripasoula à Pidima « pour repérer et orienter » les malaises et ainsi juguler, avec leurs moyens, ce fléau de santé publique. Malgré la complexité et l’ampleur du phénomène, Ader se veut optimiste, car si la situation a « longtemps été laissée pour compte », « les subventions » publiques « commencent doucement » à affluer devant l’urgence, remarque Rozenn Le Pabic.
De l’autre côté de la Guyane, sur la bande littorale, à Kourou, Sinnamary, Iracoubo et Macouria, ce sont les maladies sexuellement transmissibles qui sont au cœur du travail des salariés et bénévoles. « ADER est la seule association à porter en son sein la coordination territoriale de prévention des risques sexuels ». Pour Saint-Laurent-du-Maroni et Saint-Georges, c’est un portage hospitalier qui assume cette mission. Si par le passé, l’association mobilisait ses forces vives autour de la prévention aux risques de contamination et de transmission virale, aujourd’hui, elle se concentre beaucoup sur l’accueil des séropositifs, car c’est une nécessité qui est apparue pressante. Pour répondre aux besoins, la structure prépare un programme de soutien et d’accompagnement pluridisciplinaire pour suivre au long cours le public. à Macouria et Sinnamary, si l’habilitation est délivrée par les autorités sanitaires, la structure pourrait prendre en charge prochainement les tests rapides à orientation diagnostique . Ces tests, jusqu’ici réservés à certaines situations en milieu hospitalier, sont désormais menés hors des murs hospitaliers par des structures et médecins habilités et permettent en quelques minutes de dépister le patient. Un point de plus dans la lutte contre la propagation du virus, «  au cœur des préoccupations sanitaires » souligne la directrice d’Ader.. De fait, la Guyane est le département français le plus touché par le VIH.

Photo ADER