En décidant de s’attaquer à la problématique des déchets, l’association cayennaise Ne Plus Jeter bouscule les soubassements du quotidien. A la canette que l’on jette dans la rue, elle offre la poubelle, au chemisier que l’on s’apprête à jeter, elle propose une seconde vie. La structure a vu le jour en mars 2004 pour prêter main-forte dans la gestion des déchets sur le territoire guyanais. Le labeur est colossal tant l’accumulation des détritus reste inquiétante dans la plupart des communes : les décharges saturent, les dépôts sauvages inquiètent. Les premières actions de Ne Plus Jeter se sont attachées à éduquer à l’environnement et à prodiguer des recommandations pour limiter le volume de sa poubelle, depuis la consommation de produits sans emballage (175 kg par an et par habitant du centre littoral selon les données officielles) à la valorisation des contenants. Pendant plusieurs années, au mois de juillet et d’août, des adolescents et jeunes adultes rémunérés, nettoyèrent la plage du Novotel à Cayenne, en complément des agents communaux. En juillet 2009, « 259 kg d’encombrants et 165 kg de verre ont été collectés soit plus de 420 kg de déchets en un mois » détaille Marjolaine Sirre de l’association.
Plus tard, dans les quartiers, les bénévoles et salariés collectent les piles et accumulateurs usagés, organisent « des brocantes », les conseils se répètent inlassablement pour changer les comportements. La boutique Véti recycle installée sur les bords du canal Laussat à Cayenne est un centre de dépôt et d’achat de vêtements, livres, chaussures d’occasion.
« Ce projet était novateur en Guyane puisque jusqu’alors aucune structure ne proposait ce service. Les fripes telles qu’on peut les rencontrer dans l’hexagone n’existaient pas, et les vêtements usagés étaient le plus souvent jetés ». Les vêtements donnés par les particuliers, sont revendus par l’association à des prix imbattables ou donnés à des structures caritatives. Et si les vêtements ne peuvent être ni donnés ni vendus, ils sont transformés. Les t-shirts en coton sont vendus aux imprimeries et mécaniciens, les vieux jeans deviennent des sacs, les papiers se transforment en corbeilles, sous les mains d’agents employés dans le cadre d’un chantier d’insertion.

Photo M.B.