Dans les prochains jours, une trentaine de nouveaux médecins cubains vont rejoindre le réseau de santé de l’Amapá. La venue de praticiens étrangers, notamment cubains, irrite la profession. Pour le gouverneur Camilo Capiberibe, ils sont les bienvenus.

À partir du 2 novembre, 32 nouveaux médecins cubains vont intégrer les services de soins de santé primaires des différentes municipalités amapéennes. Recrutés dans le cadre du programme « Mais Médicos » lancé en juillet dernier par le gouvernement brésilien pour combler les déserts médicaux, ils seront affectés comme suit : Macapá (20), Santana (4), Laranjal do Jari (2), Oiapoque (2), Mazagão (1) et territoires indigènes (3). Au préalable, les médecins participeront à un séminaire du 28 au 31 octobre, afin de se familiariser avec le système de santé publique brésilien, et aussi prendre connaissance de leurs droits et devoirs. Il s’agit de la troisième vague d’affectations de médecins volontaires cubains sur le territoire national. La venue des nouvelles recrues va porter à 70 le nombre total de médecins cubains en activité dans l’Amapá. (Jornal do Dia, 26/10)

La décision du gouvernement de faire appel aux médecins étrangers a été vivement critiquée par le Conseil fédéral des médecins (CFM), certains professionnels qualifiant les futures recrues de «pseudo-praticiens» (O Estadão, 18/05).

Interviewé par le magazine Carta Capital (5/09), le gouverneur de l’Amapá Camilo Capiberibe ne partage pas ce point de vue corporatiste : « On manque de professionnels dans la périphérie de Macapá et dans les principales villes, mais les habitants des zones isolées sont les plus touchés car ils n’ont pas de médecin. » Avec 0,76 praticien pour 1000 habitants, contre 4,1 à Brasília, l’Amapá enregistre les plus mauvais résultats avec ses voisins du Nord et du Nordeste. Capiberibe balaye également d’un revers de main le faux procès fait autour du manque de matériel médical : « Le programme gouvernemental prévoit de recourir à ces professionnels pour des actions de prévention. Il n’est pas question de procéder à des actes chirurgicaux au cœur de la forêt, mais de prendre en charge des patients diabétiques ou souffrant d’hypertension. Il me tarde de voir les médecins cubains ici. » Et le gouverneur de poursuivre son discours pragmatique : « Au début des années 2000, nous avions 60 médecins cubains en poste dans l’Amapá. Formés et habilités en langue portugaise, ils ont été contraints de partir en raison de la forte opposition du Conseil régional des médecins (CRM). Mais il faut voir les choses comme elles sont. Nous manquons de médecins. Il faut augmenter le numerus clausus à l’université, mais cette augmentation ne réglera pas immédiatement le problème, il faudra du temps pour obtenir les résultats escomptés. Alors, pourquoi ne pas faire appel aux médecins étrangers comme le font de nombreux pays ? Et pourquoi pas les Cubains ? [Là-bas], les indicateurs de santé sont excellents et la prévention une spécialité. Si les Brésiliens ne veulent pas exercer dans les zones isolées, hors des grandes villes, qu’ils laissent la place aux Cubains ! »

Photo : Vincent Mouren – Macapá – février 2012