Selon une récente étude publiée dans la revue Biological Conservation*, 94,9 % des zones déboisées en Amazonie brésilienne concernent des terres situées à moins de 5,5 kilomètres d’une route ou moins d’un kilomètre d’un cours d’eau navigable, ce qui rend indispensable la mise en place d’aires protégées.

Des chercheurs de l’Université américaine du Dakota du Sud, de l’Institut amazonien de l’Homme et de l’Environnement (Imazon), et de l’Université australienne James Cook ont analysé des images satellite et des données du gouvernement brésilien. Confirmant un grand nombre de recherches, leurs travaux ont abouti au constat suivant : le développement rapide du réseau routier, qu’il soit officiel ou clandestin, est un élément clé de la déforestation en Amazonie brésilienne. Ainsi, des zones auparavant reculées deviennent accessibles aux spéculateurs, opérateurs miniers, exploitants forestiers, éleveurs et agriculteurs. La proximité des routes est un facteur aggravant en matière de déboisement, de feux de forêt et d’impacts des activités de chasse. Mais l’étude ne s’en tient pas là, et révèle que les aires protégées ont un rôle efficace en limitant les dommages induits par une plus grande accessibilité des routes et des grands cours d’eau.

« La proximité des réseaux de transport, en particulier le réseau routier non officiel qui est en pleine expansion, est une cause immédiate majeure de la déforestation en Amazonie, écrivent les auteurs. Les aires protégées exercent un effet modérateur important sur ce risque. »

« Les terres protégées affichent un pourcentage plus élevé de forêt préservée indépendamment du facteur distance, poursuivent-ils. Contrairement aux forêts non protégées, les aires protégées sont moins exposées à la déforestation, bien qu’elles soient accessibles » – que ce qui fait que « seulement 10,9% d’entre elles ont été détruites contre 43,6% des forêts non protégées. »

Les chercheurs estiment que moins de 1,5% de toutes les forêts protégées en Amazonie brésilienne ont été défrichées entre 1988 et 2006, signe que les parcs et les réserves restent un élément important dans la sauvegarde de la plus grande forêt tropicale humide du monde.

« Tous les types d’aires protégées atténuent le risque de déforestation et présentent un taux de déboisement quatre fois moins élevé que les zones non protégées, même en étant très accessibles. Le maintien des aires protégées est essentiel en Amazonie, et se révèle crucial là où les forêts sont accessibles par routes ou cours d’eau navigables. »

* La revue scientifique Biological Conservation a pour principal objet de diffuser des documents originaux concernant la protection de la faune et de la flore sauvages ou l’utilisation prudente des ressources biologiques et des ressources naturelles associées. Cette revue est centrée sur les plantes, les animaux et leurs habitats dans une biosphère changeante et de plus en plus dominée par l’homme dans les eaux douces ou salées, sur la terre et dans l’atmosphère. (FAO)

Source : news.mongabay.com

Titre original : 95% of Amazon deforestation happens near roads or major rivers

Christopher P. Barber, Mark A. Cochrane, Carlos M. Souza Jr, William F. Laurance. Roads, deforestation, and the mitigating effect of protected areas in the Amazon. Biological Conservation 177 (2014) 203–209.

Photo : Les Chutes du desespoir dans le parc national brésilien des montagnes Tumuc-Humac / J-M Le Tourneau.
Carte : la mosaïque des aires protégées autour du parc national des montagnes Tumuc-Humac.

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