Depuis des décennies, le sud Amazonas est en proie aux conflits agraires. La disparition de trois hommes sur la transamazonienne (BR-230) à la mi-décembre a ravivé les tensions entre les communautés. Selon la Globo (G1), la population riveraine de la transamazonienne tient les Amérindiens Tenharim pour responsables de leur disparition. Suite au coup de force de certains locaux, qui ont notamment exigé des autorités le renforcement des moyens pour retrouver les trois disparus, les Tenharim ont été placés sous protection militaire le 25 décembre. La veille, les familles et les amis des disparus avaient bloqué le bac qui assure la traversée du fleuve Madeira à hauteur de Humaitá. La manifestation avait alors dégénéré, occasionnant la destruction par le feu des bâtiments et véhicules de la Fondation nationale de l’Indien (Funai) et de la Fondation nationale de la santé (Funasa).

Confinés pendant plusieurs jours dans la caserne du 54e bataillon d’infanterie de la jungle de Humaitá – municipalité située à 590 km de Manaus dans le sud de l’État d’Amazonas -, la plupart des 143 Amérindiens Tenharim (enfants, adolescents et adultes) ont regagné leurs villages lundi 30 décembre. Selon la police fédérale de l’État de Rondônia, le transfert s’est déroulé au petit matin et sous escorte afin de garantir l’intégrité physique du groupe. Seulement trois d’entre eux sont restés sur place car ils résident dans une contrée difficile d’accès.

Dimanche 29 décembre, sur requête du Ministère public fédéral d’Amazonas, la Cour fédérale locale a placé sous protection le territoire des Tenharim, situé dans la municipalité d’Humaitá, à la frontière entre les États de Rondônia et d’Amazonas. Environ 400 hommes de l’Armée, de la Police fédérale, de la Force nationale et des Polices militaire et routière sont mobilisés pour retrouver les disparus.

Les habitants de la région accusent également les Amérindiens de les maintenir en captivité dans leur réserve. Selon eux, ces derniers auraient agi pour venger la mort de leur chef, renversé par un véhicule début décembre. Fait contesté par Marcos Apurinã, vice-président de l’Association des peuples autochtones de Rondônia, qui penche pour la thèse de l’assassinat.

Péage
Un autre point expliquerait en partie les menaces des riverains contre les Amérindiens : l’existence d’un péage « sauvage » sur la BR-230 au niveau du district de Santo Antônio do Matupi dans la municipalité de Manicoré, dont sont originaires les trois disparus. Marcos Apurinã s’en explique : « Pour nous les Amérindiens, c’est légal, même si ce n’est pas inscrit dans le droit. La route a dégradé l’environnement, amené l’alcool dans les villages, entre autres problèmes. Il n’y a pas eu de réparations, c’est pourquoi nous avons décidé de faire payer un droit de passage en guise de compensation. Il appartient au gouvernement de régulariser la situation, sinon il y aura encore des morts tant chez les Amérindiens que les non-Amérindiens. Nous voulons vivre en harmonie.» (G1, 27/12) La Fédération de l’agriculture et de l’élevage d’Amazonas critique le péage sur ce tronçon de la transamazonienne. Afin de lever tout malentendu, son président Muni Lourenço demande l’installation d’un poste de police fédérale de la route.

Sources : O Liberal, G1, Rondoniaovivo

Photo extrait d’un reportage de la télé Globo1

Article : http://www.rondoniaovivo.com/noticias/funai-repudia-vandalismo-em-humaita-e-diz-manter-dialogo-com-indios-no-am/109579#.UsccuLQpmIB