Dans l’ex-Guyane anglaise, par rapport au premier semestre 2014, la croissance économique a chuté de 2,5% en 2015. Pour les technocrates guyaniens, ce mauvais résultat est dû notamment à l’incertitude politique et à la mauvaise passe du secteur minier, en proie à la contrebande.

Selon le dernier rapport économique divulgué par l’agence d’information gouvernementale guyanienne (GINA), la croissance du produit intérieur brut réel du pays était établi à 0,7% au cours du premier semestre, soit 0,2% en dessous des prévisions. Ce mauvais résultat est attribué en partie à la suspension du Parlement par l’ex-président Ramotar en vue des élections générales de mai 2015. Une stratégie qui a permis au parti au pouvoir, minoritaire à l’assemblée, d’échapper à une motion de défiance déposée par l’opposition et aussi de prolonger son mandat de 10 mois. Pendant cette période le Guyana a fonctionné sans budget, jusqu’à ce que le nouveau gouvernement rétablisse la situation en août 2015. Ce contre-temps a paralysé le pays : « De nombreux projets ont été mis en suspens, seul ceux qui avaient été adoptés l’année précédente ont pu recevoir un financement. Dans le même temps, l’atmosphère d’incertitude et de tension entourant la tenue des élections générales a rendu nombre d’investisseurs frileux », indique le rapport.

Le rapport semestriel fait apparaître un net recul dans le secteur minier (or -16,2%, bauxite -18,6%) et un effondrement de la production de pierres (-54%). Dans un contexte baissier depuis cinq ans, la filière or est confrontée à « un important trafic estimé à près d’une demi-tonne par semaine ». Cette production est écoulée principalement aux États-Unis, au Suriname, en Europe et au Moyen-Orient. Les autorités guyaniennes affirment qu’elles cherchent l’appui de la communauté internationale et ont créé un groupe de travail inter-organisations pour lutter contre ce fléau. L’industrie de la bauxite a également souffert du contexte international. En raison de la faible demande, la société chinoise Bosai Minerals a été contrainte de licencier de nombreux travailleurs en fin d’année.

Selon le ministre des Finances Winston Jordan, ce revers économique s’explique aussi par la diminution des transferts de fonds et des relations de correspondance bancaire. « Mais heureusement, à partir du troisième trimestre des signes de récupération de l’économie mondiale sont apparus, laissant présager une reprise des envois de fonds en fin d’année », a-t-il précisé.

Surpêche, piraterie et sargasses
Le secteur de la pêche s’enfonce dans sa spirale descendante, accusant une baisse de 11,6%. Sont invoquées pêle-mêle : surpêche, sous-déclaration, flottes plus réduites, baisse de la production aquacole, piraterie et invasion d’algues brunes (sargasses).
Quant au secteur forestier, il s’est contracté de 9,8%. Ce mauvais résultat s’explique notamment par les pluies inhabituelles de mai et juin, qui ont gêné considérablement les professionnels. Le ministre des Finances Winston Jordan table sur une amélioration en fin d’année, avec un retour de la confiance et une reprise de la consommation : « Le budget est approuvé, salaires et arriérés ont été versés et il y aura plus d’argent en circulation d’ici le mois de décembre. » De plus, les salaires ont été augmentés.
Selon une prévision de la Banque mondiale datant de septembre 2015, le PIB de la Guyana devrait croître de 3 à 5 % dans les trois prochaines années. Les activités économiques seront tirées par la poursuite des investissements dans les industries primaires. Les projets pétroliers offshore et hydroélectriques pourront également attirer les investisseurs étrangers et stimuler encore plus la croissance. Et l’inflation devrait rester relativement modérée.

Titre original : Gold smuggling dents economy hard; growth falls by 2.5 percent (Demarara Waves, 17/10/2015, extraits)

Photo : Traversée avec un bac  en direction de Madhia, un bourg dédié à l’orpaillage – Guyana – août 2008 – Photo Atelier Aymara