À l’heure où le président Bouterse vante sa politique de restructuration du secteur aurifère, le gouvernement surinamais va devoir aussi s’employer à mettre de l’ordre dans son espace maritime. Car, outre les faits de piraterie, le braconnage à grande échelle est devenu une véritable calamité dans ce pays soucieux de préserver ses ressources halieutiques.

Ainsi, entre août et septembre, la marine nationale a intercepté une demi-douzaine de bateaux étrangers – vénézuéliens et guyaniens principalement – pris en flagrant délit de pêche illégale dans sa zone économique. Les équipages ont été arrêtés, les bateaux confisqués et les contrevenants expulsés après avoir payé une amende de quelques milliers de dollars. « Une somme dérisoire face aux gains potentiels », confiait au quotidien surinamais De Ware Tijd le commandant de marine Marino Acton.

Les pêcheurs vénézuéliens ont l’habitude de traquer le thon par flottille de 12 ou 15 lanchas dans une zone comprise entre 80 et 120 milles des côtes. À l’approche de la marine surinamaise, qui dispose seulement de deux vedettes peu puissantes, ils se dispersent et sèment leurs poursuivants. Le poisson est ensuite débarqué à Margarita, où il se retrouve au menu des luxueux hôtels et restaurants. Selon Melvin Linscheer, directeur de la sécurité nationale, les activités de pêche illégale représentent chaque année un manque à gagner de 30 à 35 millions USD.

Promesse récurrente des responsables politiques depuis plus de vingt ans, le gouvernement surinamais a fait de la création d’un corps de garde-côtes sa priorité pour 2013. Fin octobre, il a passé commande de trois patrouilleurs au chantier naval vendéen Ocea. La garde côtière aurait non seulement un effet positif sur l’économie, mais elle rendrait aussi le pays plus sûr en participant aux actions de lutte contre les divers trafics – or, cocaïne, armes, carburant – qui sévissent dans ses eaux territoriales.