Chez les Yanomamis et Ye’kuanas, le niveau élevé de contamination par le mercure est inquiétant. L’exploitation aurifère illégale sur les terres autochtones en Amazonie est à nouveau pointée du doigt. [Mongabay. 7/07/16. Extraits]

L‘Amazonie brésilienne est une terre de conflits, parfois extrêmement violents, opposant chercheurs d’or et populations autochtones. Les tribus isolées sont souvent les plus exposées. L’année 2015 fut particulièrement meurtrière, faisant 134 victimes chez les Amérindiens, selon le Conseil Indigéniste Missionnaire [1]. Mais la ruée vers l’or a un autre impact moins visible et tout aussi dévastateur : l’empoisonnement au mercure. Utilisé pour amalgamer les paillettes d’or, ce métal liquide est rejeté dans la nature et, par effet de bioaccumulation, remonte la chaîne alimentaire jusqu’à l’homme.

Une récente étude effectuée dans le nord du Roraima par la Fondation Oswaldo Cruz (Fiocruz), en partenariat avec l’Instituto Socioambiental (ISA) et la Fondation Getúlio Vargas, s’est intéressée à la contamination au mercure des Yanomamis et Ye’kuanas vivant notamment à proximité des chantiers illégaux. Les chercheurs ont analysé des échantillons de cheveux de 239 Amérindiens, les uns vivant à Papiú où l’orpaillage est rare et les autres à Waikás et Aracaçá, deux communautés où l’activité minière est importante. La population de Aracaçá, qui est la plus proche des sites miniers illégaux, affiche les résultats les plus alarmants : 92% des échantillons prélevés présentent des concentrations dangereuses de mercure. Dans la communauté de Waikás, le taux est établi à 27%. La région de Papiú présente le taux le plus bas avec seulement 6% de personnes intoxiquées. « Nous en concluons que la différence [de taux] s’explique par le niveau d’exposition et les interactions avec les régions minières, déclare Claudia Vega, chercheuse à l’ISA. Les Amérindiens ingèrent du mercure en consommant du poisson contaminé dans la plupart des cas ». La contamination au mercure peut causer des troubles neurologiques et moteurs tels que la perte de la vision ou des lésions fœtales irréversibles. Les plus vulnérables sont les enfants, les femmes en âge de procréer, et les personnes en contact direct avec l’orpaillage. Des délégués yanomamis et ye’kwanas ont présenté les résultats des analyses à la Funai – organisme gouvernemental brésilien chargé de de la politique indigène -, à Ibama – autorité environnementale brésilienne – ainsi qu’au ministère public fédéral et au Rapporteur spécial des droits autochtones de l’ONU. 200 tonnes de mercure

L‘invasion des terres autochtones par les orpailleurs dans le Roraima est un problème récurrent. Actuellement, environ 5000 orpailleurs opèrent clandestinement en terres amérindiennes. Yanomamis et Ye’kwanas réclament leur expulsion immédiate, des soins d’urgence et la prise en charge à long terme des personnes empoisonnées. Selon la Banque mondiale, 200 tonnes de mercure seraient rejetées chaque année dans la nature en Amérique latine. L’exploitation aurifère incontrôlée a des conséquences graves sur la santé des populations. Elle contamine sols et cours d’eau et empoisonne plantes et animaux.

[1] CIMI : Organisme qui collecte des données sur les groupes autochtones du Brésil depuis cinquante ans.
[2] Roraima : État le moins peuplé du Brésil (515 000 habitants), capitale Boa Vista.

https://news.mongabay.com/2016/07/illegal-gold-mining-causing-mercury-contamination-in-indigenous-groups/

Photo : Base de garimpeiros sur le fleuve Rio Uraricoera, terre Indígène Yanomami, décembre 2015. Photo: Guilherme Gnipper | FUNAI

http://infoamazonia.org/pt/2016/04/the-yanomami-people-is-contaminated-by-mercury-from-mining/