Pressé de mettre de l’ordre dans la filière aurifère, gangrenée par la fraude et le travail au noir, le président Bouterse en a presque négligé la question foncière. À ses dépens. Tout commença début février, lorsque R. Pané, président de l’Association des chefs coutumiers amérindiens du Suriname lui reprocha son inertie en matière foncière et son manque de considération à l’égard des populations autochtones. Mais la quête de légitimité dissimulait mal une rancœur liée aux tractations et promesses électorales non tenues : l’attribution d’un porte-feuille ministériel et de postes de premier choix à des membres de la communauté amérindienne, suite à son ralliement à Bouterse. En février toujours, lors de la conférence sur la filière or, la reconnaissance des droits fonciers refit surface. Au nom des chefs coutumiers, A. Adawde exigea plus de transparence dans les négociations de futurs accords entre le gouvernement et les multinationales qui souhaiteraient opérer sur leur territoire, précisant que les droits collectifs des communautés de l’intérieur sur le sol et le sous-sol précédaient toute signature d’accord industriel. À la mi-octobre, ce fut au tour de l’ex-rebelle R. Brunswijk, parlementaire influent, opérateur minier et allié de… Bouterse, de manifester son courroux contre la commission présidentielle chargée de restructurer le secteur de l’or. L’accusant de favoritisme, de prise illégale d’intérêts, et d’interdire aux centaines de petits orpailleurs l’accès aux gisements dans la région explosive de Maripaston, il réclama la démission de son “directeur escroc”. Le coup de massue fut porté une semaine plus tard, lors de la Conférence sur les droits fonciers à Colakreek. « Le Suriname est un et indivisible », déclarait le chef d’État lors de son discours d’ouverture, persuadé de trouver une solution juste et équilibrée. Mais l’intransigeance des chefs coutumiers fit capoter la conférence. De son côté, Bouterse maintient qu’il est impossible d’inscrire la propriété collective des groupes autochtones et marrons dans le cadre juridique surinamais.
Photo de Jaap Hoogendam – Parbode Magazine
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