Vous prenez en photo de chenilles à vos heures perdues ? Mettez les à profit en participant à un projet scientifique collaboratif, dont l’objectif est d’identifier les nombreuses espèces de papillons encore à découvrir.

En fin d’année, la France accueillera la conférence des Nations Unies sur les changements climatiques. L’érosion de la biodiversité, facilitée par les changements d’usages des sols et les changements globaux, est donc au cœur des débats. Documenter la diversité des espèces est une tâche fondamentale pour mieux comprendre et entrevoir les trajectoires des changements climatiques. En Guyane, de nombreuses expéditions scientifiquesontdéjàpermis de compléter l’étude de la distribution de la biodiversité (Planète Revisitée, Labex CEBA-Diadama, Parc Amazonien…). Cependant, la tâche reste entière,notamment au niveau des organismes de petites tailles comme les invertébrés. Les insectes représentent à eux-seuls plus d’un million d’espèces décrites dans le monde mais avec encore peu de connaissances sur leur biologie (reproduction, métamorphose, comportement..), leur habitat et leur fonction dans les écosystèmes.

Les papillons (Lépidoptères) représentent un ordre très diversifié dans lequel un grand nombre d’espèces reste encore à découvrir, notamment chez les papillons de nuit et les micro-lépidoptères.Les papillons sont des insectes holométaboles (à métamorphose complète) avec un stade larvaire (les chenilles) moins connu des entomologistes que le stade adulte (les papillons). En effet, la forme, la texture et les couleurs des chenilles diffèrent radicalement de celles de l’adulte.La forêt de Guyane contient vraisemblablement des dizaines de milliers d’espèces de chenilles différentes. Contrairement aux adultes collectés à l’aide de pièges (à filet, à fruit ou lumineux), les chenilles doivent être observées en forêt à même les feuilles puis collectées et enfin élevées jusqu’au stade de papillon. Il faudrait des années entières pour documenter la richesse des chenilles de Guyane et certainement des décennies pour toutes les élever. D’un point de vue écologique, la dépendance des chenilles à leurs plantes nourricières – en plus du rôle fondamental de pollinisation au stade adulte – connecte fermement les Lépidoptères à la structure et à la composition de leur habitat. Les plantes sur lesquelles les chenilles se nourrissent sont des sources d’informations d’histoire naturelleimportantes dans la connaissance des processusqui maintiennent la diversité biologiquede nos forêts tropicales.

Ce nouveau projet scientifique a pour but de créer une librairie digitale des chenilles de Guyane permettant l’obtention de données uniques sur les espèces de papillons du territoire, avec la découverte d’espèces rares ou nouvelles pour la science (financé par idea.wild.org). Cela permettra également de créer la première base de donnéesdes espèces de chenilles (plus la correspondance avec le stade adulte) disponible pour les naturalistes et scientifiques désireux de conduire des recherches en Guyane.

En Guyane, nous avons la chance d’être entourés par une des forêts tropicales les plus riches de la planète. De nombreuses personnes possèdent un talent d’observation qui, grâce aux outils numériques, se traduit souvent par de belles découvertes à partager. Ce projet participatif invite les habitants (ou visiteurs) de Guyane à partager leurs clichés de chenilles prises dans le département afin de les partager dans la librairie digitale des chenilles.

Les photos devront être parfaitement nettes et cadrées sur la chenille entière (dont une photo en vue de profil si possible).Pour envoyer vos photos, il est nécessaire de les enregistrer de la façon suivante : -Préciser le site et la commune (où la photo a été prise) – les initiales du photographe – et les envoyer à cette adresse greglamarre973@gmail.com. Chaque photographie sera identifiée au niveau de la famille et classée dans la librairie. Chaque chenille sera alors identifiée au plus près du niveau de l’espèce par des entomologistes de la Société Entomologique Antilles-Guyane et du Muséum National d’Histoire Naturel de Paris.De plus, un botaniste professionnel (Pascal Petronelli, CIRAD Guyane) tentera également d’apposer des noms de Familles voire de Genre sur les plantes où la chenille a été photographié. Vous pouvez également partager une photo de la plante nourricière si vous avez vu la chenille l’a consommer. Dans un futur proche (2016), la librairie digitale des chenilles de Guyane sera ouverte sur internet et accessible aux scientifiques mais aussi à tous et en particulier aux habitants de Guyane, principaux acteurs de ce projet.

Je me tiens à la disposition de tous en cas de questions.

Merci de votre participation.

Greg Lamarre
INRA – UMR EcoFoG « Ecologie des Forêts de Guyane »
Campus Agronomique – B.P. 716
97379 Kourou Cedex. Guyane française