Plus de 41’000 personnes ont pris part au vote en ligne pour élire la pire entreprise de l’année. Un très grand merci pour votre mobilisation ! Le lauréat du Public Eye People’s Award est Shell. Goldman Sachs remporte le Public Eye Global Award. http://www.publiceye.ch/fr/vote/

Le chercheur d’or noir de l’Arctique : Shell fait office de leader dans l’Arctique mais pas de la manière dont on pourrait le souhaiter. Le groupe est la première « super major » qui prévoit d’exploiter, non sans risque, la région sensible de l’Arctique en quête d’énergies fossiles. Une quête rendue possible grâce à la fonte rapide des glaces, conséquence du réchauffement climatique. Tout projet pétrolier au large de l’Arctique non seulement entraînerait de nouvelles émissions de CO2 avec pour conséquence la fonte des glaces, mais réduirait également à néant toute chance de pouvoir abandonner le pétrole et de réinvestir des capitaux dans les énergies propres. Les énergies renouvelables ne sont plus du tout inscrites dans la stratégie à long terme du groupe. L’exploration pétrolière menée dans l’Arctique n’est pas sans conséquence sur la biodiversité. Shell nous déclare en toute confiance avoir « élaboré plusieurs plans pour gérer correctement l’exploitation de pétrole enfoui sous la glace » mais admet également que les problèmes techniques et environnementaux liés à l’exploitation de pétrole en Arctique « sont immenses ». Les spécialistes estiment qu’ « à notre connaissance, il n’existe à l’heure actuelle aucune moyen ou solution permettant d’extraire les hydrocarbures de l’Arctique. Shell, pour sa part, entrevoit une réelle opportunité en Alaska, affirmant que « tout comme la première fois où l’homme a posé le pied sur la lune, il est toujours préférable d’être là en premier ».

Shell

  • Siège principal : La Hague, Pays-Bas
  • Branche : pétrole et gaz
  • Chiffre d’affaires / Bénéfice : 470 milliards de $ / 30,9 milliards de $
  • En possession de : coté en bourse
  • Collaborateurs : 90 000
  • Président du conseil d’administration : Jorma Ollila
  • CEO : Peter Voser
  • Site Internet : www.shell.com

Comportement irresponsable

Shell est en train d’ouvrir des routes sur les mers arctiques prises par la glace en Alaska. La compagnie pétrolière n’hésite pas à creuser des mines à ciel ouvert dans la forêt boréale canadienne pour accéder aux sables bitumeux. Elle gère la plateforme pétrolière la plus profonde du monde dans le Golfe du Mexique (plus de 2500 mètres). Elle est le cauchemar du Delta du Niger. Shell fait toujours parler d’elle dès qu’il est question de méthodes d’extraction du pétrole polluantes, risquées et controversées.

Le géant pétrolier voit l’Arctique au nord de l’Alaska comme la prochaine grande région pétrolière, affirmant que celle-ci « possède un énorme potentiel encore inexploité et aura, à l’avenir, un rôle important à jouer trouver des réponses aux défis énergétiques ». La compagnie a confirmé qu’elle comptait revenir dans les mers de Beaufort et de Chukchi dans les prochaines années afin d’y creuser d’autres puits de forage, et d’ajouter « nous retournerons sur place et répéterons l’opération en 2013 et probablement en 2014, jusqu’à ce que nous ayons une idée précise de la quantité d’hydrocarbures contenus dans les sous-sols ». Avec de tels propos, nous nous dirigeons tout droit vers un désastre régional et mondial. Un sable bitumeux est un mélange de bitume brut, d’argile, de sable et d’eau qui peut être transformé pour produire du pétrole brut de synthèse. Les plus gros gisements se trouvent dans la province d’Alberta au Canada dans une région de la taille de l’Angleterre. L’impact environnemental de l’exploitation des sables bitumeux est effrayant.

Près de 29% des réserves de pétrole détenues par Shell se trouvent dans les sables bitumeux du Canada. La compagnie se situe au troisième rang mondial pour l’exploitation des sables bitumeux et détient 8% de la production de sables bitumeux de tout le Canada, un pourcentage qui devrait augmenter avec le projet d’expansion de la mine de Jackpine.Ces chiffres sont édifiants pour une compagnie qui veut vous faire croire à son ralliement au mouvement pour le développement durable alors l’on sait très bien que l’exploitation des sables bitumeux compte parmi les méthodess d’extraction les plus destructives de la planète.

Conséquences

Les glaces situées à la pointe la plus élevée du globe renvoient une grande quantité de chaleur émise par le soleil vers l’espace et maintient l’ensemble de notre planète à une température fraîche, permettant ainsi de stabiliser les systèmes météorologiques dont nous dépendons pour cultiver les terres. Préserver les glaces signifie préserver l’ensemble de l’humanité. Ces trente dernières années, nous avons perdu près des trois-quarts de la calotte glacière située au point le plus haut du globe. Le volume de glace des mers mesuré par satellite pendant l’été, au moment où il est au plus bas, a diminué si vite que les scientifiques parlent à présent de « spirale de la mort ». Depuis plus de 800 000 ans, la glace est une caractéristique inhérente de l’océan arctique. Elle est en train de fondre à cause de l’utilisation d’énergies fossiles polluantes et pourrait disparaître totalement dans un futur proche pour la première fois depuis l’apparition de l’être humain sur la Terre. Tout projet pétrolier au large de l’Arctique non seulement entraînerait de nouvelles émissions de CO2 avec pour conséquence la fonte des glaces, mais réduirait également à néant toute chance de pouvoir abandonner le pétrole et de réinvestir des capitaux dans les énergies propres.

Les explorations des sols menées dans l’Arctique pour trouver du pétrole ne sont pas sans conséquence sur la biodiversité. Shell nous déclare en toute confiance avoir « élaboré plusieurs plans pour gérer correctement l’exploitation de pétrole enfoui sous la glace » mais admet également que les problèmes techniques et environnementaux liés à l’exploitation de pétrole en Arctique « sont immenses ». Le Pew Environment Group a récemment examiné les plans d’intervention en cas de marée noire lors d’opérations effetctuées dans l’Arctique, et a averti que l’industrie pétrolière « n’est pas prête pour l’Arctique, les plans d’intervention étant profondément inadaptés », ajoutant que ces plans « sous-estiment les probabilités et les conséquences d’explosions catastrophiques, principalement lors d’opérations de forage en mer dans la zone américaine de l’océan Arctique ». Des analyses menées pour le compte du WWF ont révélé que les propositions des industriels du secteur sur l’évaluation des risques d’une marée noire dans l’Arctique manquaient de précision, les qualifiant de « imagineering, not engineering ». Le gouvernement américain a estimé à un sur cinq le risque de voir une grave marée noire se produire au cours de la période d’activité dans un seul bloc de permis de l’océan Arctique au nord de l’Alaska. Les conclusions du US Geological Survey (USGS) ont montré qu’ « il n’existe aucune méthode globale pour nettoyer le pétrole qui se serait déversé sur les glaces de mer » et que les systèmes de récupération du pétrole normalement utilisés comportaient de « sérieuses limites » dues aux conditions climatiques extrêmes en Alaska. D’autres voix se sont élevées pour critiquer les plans de nettoyage de Shell en les qualifiant de n’être rien d’autre qu’une « brigade de brosses, de sceaux et de balais brosse de luxe ».

Shell, récemment impliqué dans d’importantes marées noires au Niger et au Royaume-Uni, assure qu’il sera en mesure de retirer jusqu’à 90% de toute marée noire qui pourrait survenir en Alaska. Il s’agit là d’une hypothèse d’autant plus incroyable que l’USGC estime entre 1 et 20% les taux de récupération en Arctique. Seuls 17% du pétrole avaient pu être récupérés après la marée noire provoquée par l’explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon tandis que le taux s’élèverait à 9% suite à l’échouage du pétrolier Exxon Valdez en 1989. Quasiment aucune recherche scientifique fondamentale n’a été effectuée au large des côtes de l’Arctique et nous n’avons que des connaissances limitées sur cet écosystème potentiellement complexe et son fonctionnement ainsi que sur ses capacités de réaction face à des situations de grand stress comme, par exemple, lors d’une marée noire. Toutefois, il semble évident qu’une grave marée noire où le pétrole se déverserait continuellement sans surveillance pendant des mois dans une région dont le littoral dépasse celui de toute l’Amérique, aurait très probablement des conséquences catastrophiques sur la vie sauvage locale et la pêche. La région offre un habitat vital pour des espèces animales telles que l’ours polaire, le bœuf musqué, les phoques barbus et phoques rubanés, les baleines bleues et baleines boréales, mais également les poissons tels que l’omble chevalier, le flétan et le requin-taupe tandis que l’Alaska abrite des espèces ornithologiques telles que l’eider à tête grise, le faucon gerfaut, l’aigle à tête blanche et le cygne trompette.

Situation actuelle et revendications envers l’entreprise

Shell doit abandonner ses ambitions en Arctique ainsi que son projet d’exploitation des sables bitumeux.

Plus d’informations

Shell Alaska boss: ‘There will be spills’:
http://www.telegraph.co.uk/finance/newsbysector/energy/oilandgas/9712687/Shell-Alaska-boss-There-will-be-spills.html

Congressmen attack Shell over ‘alarming blunders’ in Arctic:
http://www.telegraph.co.uk/finance/newsbysector/energy/9781671/Congressmen-attack-Shell-over-alarming-blunders-in-Arctic.html

Cold calling: the lure of Arctic oil:
http://www.independent.co.uk/news/business/analysis-and-features/hot-spots-to-fan-the-flames-of-oils-critics-8439491.html

Hot spots to fan the flames of oil’s critics:
http://www.independent.co.uk/news/business/analysis-and-features/hot-spots-to-fan-the-flames-of-oils-critics-8439491.html


Shell to Expand Athabasca Oil-Sands Output:
http://online.wsj.com/article/SB10001424052702303807404577435032862701706.html

Nigeria on alert as Shell announces worst oil spill in a decade:
http://www.guardian.co.uk/environment/2011/dec/22/nigerian-shell-oil-spill