Dans le cadre du plan de restauration des tortues marines de Guyane, 16 tortues vertes ont été équipées de balises Argos/GPS entre mars et mai 2012. L’objectif : mieux comprendre les déplacements côtiers et océaniques de ces espèces entre leurs pontes. Près de 15 mois après le démarrage de ce programme, les informations collectées permettent de mettre en évidence une véritable « autoroute de migration ».

16 balises Argos ont été déployées au total entre mars et mai 2012 par le CNRS IPHC, via le projet CARET2. 8 tortues vertes (Chelonia mydas) ont été équipées de ces émetteurs télémétriques au sein de la réserve naturelle de Galibi, située à l’embouchure du fleuve Maroni (frontière avec la Guyane française), au Suriname. 8 autres individus bénéficiaient de ce même suivi sur les plages de la réserve naturelle de l’Amana (Guyane). Ces régions sont particulièrement importantes pour cette espèce pendant la saison des pontes. Ces mêmes eaux demeurent particulièrement sujettes aux pressions de pêche illégale.

> La côte guyano-brésilienne : une « autoroute de migration »

Principal résultat de cette étude : les 16 tortues vertes ont emprunté un parcours unique, longeant la côte de Guyane, à très faible distance du rivage (moins de 30km), contrairement à la tortue luth (Dermochelys coriacea), qui quitte la Guyane en empruntant de nombreuses voies maritimes différentes. L’ensemble de ces tortues vertes a franchi la frontière franco-brésilienne de l’estuaire de l’Oyapock entre avril et août 2012. Par la suite, ce groupe a continué son voyage côtier, partiellement modifié par le passage de l’estuaire de l’Amazone (dans cette zone, certaines tortues vertes ont augmenté leur distance à la côte). Mais au-delà de cet estuaire au courant exceptionnel, le groupe a repris un parcours proche du littoral, pour successivement croiser les côtes brésiliennes de l’Amapá, du Pará, du Maranhão, du Piauí, pour finalement stationner au large de l’État du Ceará.

> Un voyage périlleux

Mais ce déplacement au long court ne s’est pas toujours fait sans embuches : selon les signaux reçus, il semble que la tortue « Wori », équipée le 10 mars 2012 à Galibi au Suriname, ait été victime d’une capture accidentelle lors de son passage au large de l’Amapá, comme le suggèrent les émissions reçues à partir d’un village de pêche du littoral amapaense.

Par ailleurs, le dernier signal détecté provient de la tortue baptisée « Yaèle », équipée à Awala Yalimapo le 22 mai 2012, et repérée au large de la localité d’Itarema (Ceará, Brésil) le 13 février 2013, soit après avoir parcouru environ 3 400 km !

Grâce à cet effort coordonné de suivi de la tortue verte à partir des plages de ponte du Suriname et de Guyane, le projet CARET2 a permis de mettre en évidence une véritable « autoroute de migration ». Ces éléments appellent à la mise en place de nouvelles initiatives de coopération régionale, avec le Brésil cette fois.

Le projet CARET2 s’inscrit dans le cadre du Plan de Restauration des tortues marines de Guyane, et bénéficie du soutien du PO Amazonie, du CNES, et du MEDDE. Piloté par le WWF, il associe l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS), l’association Kwata, le Parc Naturel Régional de Guyane, et le WWF Guianas (Suriname).