Le jardin créole est un des piliers du patrimoine agricole et culturel. Associant des plantes cultivées à la main, il assurait autrefois une large part d’autosuffisance alimentaire. De nos jours, il joue un rôle d’appoint alimentaire, médicinal et ornemental. Découverte initiatique de ce lieu intime et familial.

Un savant métissage
Les îles de Guadeloupe abritent une flore exceptionnelle de plus de 3000 espèces, dont environ 625 plantes médicinales. Une diversité qu’elles doivent à leur climat tropical, mais aussi à l’Histoire. Car la phytothérapie créole est le reflet d’un héritage métissé : amérindien, africain, européen et asiatique. Les premiers habitants amérindiens Kalinagos, dans leurs ichalis – potagers où le manioc prédominait -, utilisaient déjà les plantes pour se nourrir, se soigner, pour leur bien-être et fabriquer des ustensiles. À leur arrivée, les esclaves ont tenté de faire perdurer ces traditions communes à leurs pays d’origine, mais en ont été empêchés par les colons qui craignaient qu’on les empoisonne. Dans le même temps, les maîtres attribuaient aux esclaves un lopin de terre qu’ils devaient cultiver pour assurer leur auto alimentation, ce qui a permis au jaden Kreyol de traverser les âges pour devenir un véritable modèle d’agroécologie : s’y côtoient plantes vivrières, médicinales et d’ornement selon un savant agencement qui garantit une production familiale abondante sur un espace restreint. À l’abolition de l’esclavage, le jaden Kreyol devient jaden bo kay et se structure autour de la maison : les plantes d’ornement et celles liées aux croyances magico-religieuses de protection du foyer (pois d’Angol et croton) sont placées à l’avant, c’est le jardin de représentation.
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