Il y a 50 ans, accostaient en Guyane les premiers migrants venus d’Haïti. Une saison en Guyane est remonté à la source de cette migration. Des plages dorées de la région d’Aquin aux montagnes qui abritent les dernières forêts du pays… Un voyage photographique riche en couleurs. Et en rencontres.

« Non, Haïti n’est pas un pays maudit ». L’expression, souvent colportée dans les médias, a le don d’agacer les principaux concernés. A juste titre. Car ce n’est pas le genre de la « Première république noire au monde » de sombrer dans la fatalité ou la résignation. Malgré les stigmates toujours visibles du séisme et les cicatrices laissées par des décennies d’instabilité politique, le pays est toujours debout, et bel et bien en vie. Avec du coeur, des idées et de l’espoir, beaucoup d’espoir, à revendre. Haïti est certes l’un des pays les plus pauvres de la planète, mais il n’en demeure pas moins un endroit doté d’exceptionnelles richesses. Derrière les clichés de la misère et de la pauvreté, se cachent d’inestimables trésors. Des sourires, de la spontanéité, et une culture aussi passionnante que passionnée. Nous sommes partis à la rencontre des Haïtiens, en partageant leur quotidien. Pour comprendre, pour échanger. Et pour découvrir au passage toutes ces merveilles que la « Perle des Antilles » a à offrir.

Ce voyage nous mène d’abord à Aquin, à l’Ouest de l’île, à une demi-journée de « tap-tap » de la tumultueuse capitale, Port-au-Prince. C’est de cette province côtière (qui compte une petite centaine de milliers d’habitants) que sont partis les premiers migrants haïtiens venus en Guyane, il y a exactement cinquante ans ! Aujourd’hui, comme dans le reste du pays, l’économie y est endormie. La pêche ou la fabrication du charbon rapportent peu. Mais chacun affronte le quotidien comme il peut. Le plus souvent dans la joie et la bonne humeur. Nous nous rendons ensuite sur les hauteurs du pays. Le massif de la Selle culmine à 2 000 mètres d’altitude. Sur ce plateau, situé à cheval entre Port-au-Prince et Jacmel, se dressent les dernières forêts haïtiennes. Nous sommes au coeur du Parc National de la Visite. Un territoire protégé qui malgré cela, continue de mourir à petit feu. Nous y avons rencontré des familles d’agriculteurs, qui, plusieurs fois par semaine, effectuent des allers-retours entre le Parc et les hauteurs de la capitale… au bout de cinq heures de marche. Enfin, difficile de passer à travers une cérémonie vaudou lorsqu’on se trouve en Haïti un 1er novembre. A cette date sont traditionnellement fêtés les « gédé » (les esprits). Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, même si le vaudou fait partie intégrante de la culture haïtienne, les pratiquants, les vrais, ne représentent qu’une mince frange de la population.