Le dernier ouvrage de Richard Price risque d’aggraver encore le rejet et  le déni de parole dont l’auteur fait l’objet avec sa femme, Sally Price, au Suriname  depuis leur engagement sans  failles aux côtés des Saamaka pour dénoncer le massacre perpétré à Moïwana en 1986 par les  sbires de l’actuel président Desi Bouterse et les spoliations dont ce peuple fait l’objet depuis la vente de leur territoire aux grandes multinationales du bois, de la bauxite ou de l’or. Le titre de l’ouvrage tient du pamphlet, du procès à charge contre l’état  surinamais  accusé  de laisser le peuple  Saramaka disparaître progressivement sous les coups de la mondialisation et de la destruction de leur environnement par les multinationales.  C’est aussi le compte-rendu de trois procès devant la cour interaméricaine des droits de l’homme, gagnés par les Saamakas et leurs défenseurs au nom du respect du droit des peuples autochtones. L’Etat du Suriname , après avoir vendu, comme tant de jeunes états, plus de 60% du territoire saamaka , au mépris  de la légitimité territoriale  conférée par des hommes qui les  traités de paix de 1762, est désormais  contraint de reconnaître le droit de propriété, de dédommager et de soumettre tout projet de développement aux Saamakas . Une décision de justice qui doit encore être respectée par le gouvernement de Desi Bouterse et qui gagnerait à être adaptée en Guyane Française.

D’aucuns pourraient y entendre l’hallali , après 50 ans de recherches, de publications, d’engagement et de dénonciation aux côtés des Saamaca ; d’autres  se sentir gênés par ses chercheurs qui sortent de leur neutralité ou  par une forme d’encouragement au communautarisme , d’autres enfin, y voir comme l’aveu d’impuissance face à la remarque de Nicolas Sarkoy à Dakar comme quoi « certains peuples ne sont pas encore assez entrés dans l’histoire » en comparant l’actualité des Saamacas à celle des Ndyukas ou des Alukus qui paraissent très bien s’accommoder de cette modernité..