Léa Magnien se définit comme plasticienne, costumière et photographe. Après une enfance passée en Guyane, elle poursuit des études supérieures d’arts plastiques. Dans son travail photographique s’opère une hybridation entre ses disciplines artistiques et ses origines guyanaises et elle fait d’elle l’adage carnavalesque de se déguiser pour transgresser. Ces “créatures ” exotiques n’ont d’exotiques que le nom, elles sont une réponse post exotique aux clichés séduisants, aux stéréotypes des représentations de l’Autre. Peinture d’odalisques au bain, mauresque alanguie ou contes des Mille et une nuits en technicolor, Toussaint Louverture ou Jungle Commando chevauchant les canons de l’histoire colonial… Entre détournement, déconstruction et parodie, aux limites du grotesque et du baroque, son travail est à la fois une histoire du regard et de la consommation esthétique de l’altérité et une entrée privilégiée pour une anthropologie du goût des Autres.
Léa Magnien dit elle-même qu’elle « fabrique des images de “rêve ”, mais que ses “créatures exotiques ” imposent un univers décalé, une hybridation entre merveilleux et banalité. Avec son comparse et compagnon Quentin Chantrel, elle installe son studio post-exotique dans n’importe quel univers, comme au marché de Cayenne par exemple. Les modèles amateurs se prêtent au jeu du déguisement et des appartenances multiples. « Leurs corps, omniprésents, ne sont pas habitués à poser devant l’objectif. Leur maladresse participe à l’imperfection générale qui émane de mes photographies et révèle les ficelles de mon image. »
Ces images mettent finalement en scène un Homme moderne, enfant du Tout Monde qui a le pouvoir de choisir dans la garde-robe de l’histoire ou du genre, les costumes qu’il désire pour travestir son identité ou son altérité… tout dépend du point de vue.

Texte de David Redon