L’oralité, un outil acceptable pour construire l’Histoire ? La question prendrait pied dans le combat mené par le Comité Ayéropòr Sepelu, qui revendique l’existence de Yopoto Sepelu. Selon eux, Sepelu fut un chef amérindien qui aurait résisté aux colons français et qui aurait vendu ou cédé, vers 1643, des terres appartenant au peuple T°leuyu. Ces terres sont l’actuel emplacement du centre historique de Cayenne, le Fort Cépérou. Pour d’autres, l’existence de ce chef n’a jamais été avérée. Sepelu serait-il un exemple de cette oralité qui peine à s’imposer comme une source tangible ? Si l’on considère que oui, il faut s’interroger sur les nombreuses sociétés qui s’appuient sur la transmission orale. Leurs mythes, leur histoire, sont-ils voués à ne pas être pris en compte au prétexte qu’ils ont survécu à travers le langage ? Ces sociétés en ont fait le choix justement car elles ont «une conception de la parole qui outrepasse un système d’écriture qui figerait, matérialiserait, appauvrirait la parole» selon Cécile Leguy dans son ouvrage La reconnaissance des récits, des mythes. Dans le cas qui nous intéresse, citons Marie-José Jolivet, Mémoire caraïbe,mémoire caribéenne, et histoire coloniale, qui considère que les kali’na «manifeste[nt] [leur] souci de faire reconnaître [leur] existence (…) par la « mise par écrit » de leur histoire». Marie-José Jolivet ajoutant que, «l’intention ici est essentiellement politique : il s’agit d’établir l’histoire des Kali’na pour mieux défendre leurs droits autochtones».