« Chaque minute écoulée ne fait que m’affermir moi-même dans la volonté de m’évader, au risque de tous les dangers possibles. Nous sommes trop jeunes et trop pleins de volonté pour que notre avenir soit irrémédiablement clos. Espérer ici serait chimère »
G. Tomel, Les évadés de la Guyane, 1899.

La belle

L’île Royale reçoit le premier convoi de bagnards le 10 mai 1852. Sarda-Garriga, le commissaire général du gouvernement, porte de grands espoirs en eux :
« Aujourd’hui, écrit-il au ministre, les transportés ne sont plus les mêmes hommes que j’avais vus à Brest. Leur santé s’est fortifiée, et ils ne demandent plus qu’à travailler. » Ils montreront l’exemple pense-t-il, « ils vont élever sur le plateau de l’île Royale une colonne sur laquelle on lira l’inscription : le repentir, c’est le salut. »
Mais les bagnards ne songent qu’à la belle. Sarda-Garriga désillusionne à peine six mois plus tard, avec l’évasion de quatre détenus. « Par une pluie battante, les forçats Ananos, Ximenes, Therren et Portat sont parvenus à s’évader. Nous n’en avons pas de nouvelles jusqu’à ce jour », écrit-il au ministre. Quelques jours après, une nouvelle tentative a lieu à Saint-Joseph qui cette fois-ci se termine par la mort du forçat. La violence carcérale, la fièvre jaune, « l’ennui mortel d’une captivité sans fin » (P. Zaccone), tout porte à fuir, mais s’évader des îles relève de l’exploit.
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