Sur les bords du Canal Laussat, le Chicago Thaï Boxing Club est une institution. Une petite salle sans prétention pour des compétiteurs et amateurs de la boxe du présent et en devenir. L’histoire du club s’écrit à la main, au pied et au poing. L’histoire du “myathaï” débute il y a douze ans, dans le quartier des Âmes Claires à Rémire-Montjoly. Y affluent de nombreux jeunes du village Chinois, les noms de Chinon, Yoma font alors rêver, et les premiers résultats aux compétitions sont encourageants.

« L’idée s’est présentée d’elle-même » se remémore Erwan Gourmelen, travailleur social. Deux habitants du quartier Chicago veulent combler l’absence d’évènements culturels organisés par un lieu d’entraînement à la boxe thaï, ouvert aux autres clubs qui souhaiteraient y dispenser gratuitement des cours.

En 2006 le quartier s’empare du projet, qui de la réfection des locaux – gracieusement mis à disposition par un riverain – qui de l’électrification, qui du réseau d’eau. Le projet est bien accueilli par les partenaires financiers et élus locaux qui y voient l’opportunité d’améliorer l’image du quartier.

Depuis, matin et soir, des cours sont donnés. Une cinquantaine de sportifs fréquentent la salle, équipée de matériel de musculation et de vélos « pour attirer une population jeune et féminine ».
«à la base ce qui est important pour nous, c’est l’état d’esprit, la convivialité, la vraie communication qui fait que ceux qui fréquentent la salle trouvent de bons ingrédients pour s’épanouir, passer au dessus des déceptions » note Erwan Gourmelen. Tout n’est pas idyllique, les parcours sont écorchés, mais l’implication porte ses fruits.

Sur les trois dernières années, de nombreux boxeurs attestent du potentiel du Club : Boaz Longin, du quartier la Mâtine (champion de France, d’Amérique centrale et des Antilles-Guyane), son frère Mickaël qui lui emboîte le pas, Claire Lopez ou encore Rémy Vectol (tous deux médaillés de bronze aux internationaux 2011 en Thaïlande) ainsi que le fils de Yoma Jacobin.
La Fédération nationale prend alors conscience de l’existence de la pratique de la boxe thaï en Guyane. « Ici, vu le nombre de jeunes, c’est un vivier très important en plus il y a de grosses capacités » s’enthousiasme Erwan Gourmelen.

En dehors du ring, les combats sont quotidiens, trouver sa place, un boulot, faire face aux déceptions, aux frictions. Apprendre à anesthésier les coups, c’est ce que viennent aussi chercher ceux qui fréquentent la salle de quartier.