La botanique comme passion

Selon ses biographes, le Suisse Guerard Samuel Perrotet eut toujours le goût pour la botanique. Entré très jeune comme jardinier au service d’un grand propriétaire, il consacrait à l’étude toutes ses heures libres. Mais quelques années à compulser tous les traités d’agriculture et d’histoire naturelle mis entre ces mains lui donnèrent soif de connaissance plus riches. Il entendit alors parler du Jardin des Plantes de Paris où de nombreux jeunes gens se formaient sous des maîtres habiles. Munis de lettres de recommandations, Perrotet y est reçu par l’administrateur André Thouin, qui dans un premier temps lui laisse peu d’espérance :
« – Nos places d’employés sont bornées, dès qu’il en est une de vacante vingt sujets se présentent pour l’obtenir. Cependant, d’après le bien que me disent de vous les personnes qui vous ont adressé à moi, je ferai du moins quelque chose. Tenez, mettez-vous là (en lui montrant quelques plates-bandes à bêcher), nous verrons ce que vous savez faire. » Feuille du Canton de Vaud, 1831.
Perrotet sait si bien faire qu’il est accepté comme aide-garçon jardinier avant d’être nommé en 1816 botaniste-cultivateur. Thouin devient son mentor et, quand en 1818 le ministère de la marine et des colonies cherche un botaniste pour accompagner une expédition en partance pour l’Asie, l’administrateur glisse le nom de son protégé. Perrotet rejoint le commandant de l’expédition Henri Philibert, un créole de Bourbon, à Rochefort. L’officier lui apprend alors la raison de ce voyage, qui est d’aller aux Philippines engager 2 à 300 Chinois, « instruits dans les cultures exotiques », et les transporter à Cayenne. Pour le ministère des colonies, il s’agit de faire aussi bien qu’au Jardin du roi de Rio de Janeiro, où 15000 pieds de thé sont cultivés par des Chinois. L’expédition met voile pour Cayenne le 1er janvier 1819 et arrive début février en vue des côtes guyanaises.

Escale à Cayenne

« La couleur de l’eau, comme on le sait, indique d’avance le voisinage des côtes de la Guiane : cette circonstance est d’autant plus heureuse, qu’il est souvent impossible de déterminer sa position par des observations astronomiques, ainsi que cela nous est arrivé. Le temps fut même si couvert, que je fis mouiller la division près du cap d’Orange. » Rapport du capitaine Philibert, 20 septembre 1820.
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