Cet article est à lire dans le n°11 de Boukan, actuellement en kiosque en France hexagonale et bientôt en Guyane

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Une ambiance post-apocalyptique

Sous le ciel incertain de ce début de saison des pluies, à un kilomètre à peine du village kali’na de Prospérité, la zone déforestée par le projet de centrale électrique de l’Ouest Guyanais, dit CEOG, a des allures de cauchemar. Percés dans une dense toison d’arbres monumentaux, une vingtaine d’hectares boueux ont été rasés à blanc et laissent apparaître quelques grumes pourrissant dans une boue rougeâtre. Une douzaine d’ados en treillis kakis et cagoules, munis de bâtons ou de machettes, prennent des poses au milieu des troncs morts ou s’abritent du crachin sous des tentes ornées de panneaux “ ZAD ”. De temps à autre, des vigiles stipendiés par la CEOG passent en quad à l’horizon, prennent quelques photos, puis repartent. L’atmosphère est post-apocalyptique. « L’État est venu abattre notre forêt, notre futur. Ce n’est pas quelque chose que je peux accepter », assène Mélissa Sjabere, 22 ans dans 4 mois, une des meneuses du groupe d’occupation du site, essentiellement composé d’adolescents et de jeunes adultes. Solidement campée dans le sol boueux, les épaules fortes et le regard droit, Mélissa Sjabere incarne la détermination de ce village d’à peine 300 âmes qui se bat depuis septembre 2018 contre un projet industriel chiffré à 170 millions d’euros.
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