Les récents scandales de surveillance des communications brésiliennes par les États-Unis ont mis le doigt sur la volonté sud-américaine d’être autonome en la matière et de garantir, à chaque pays, une souveraineté nationale. Longtemps considéré comme un continent sous-développé, cette partie du globe devrait pourtant franchir prochainement la barre des 100 satellites en activité, aidée par l’arrivée sur le marché de nombreux lanceurs, à bas coûts, et une volonté stratégique, notamment de la Chine et de la Russie.

Preuve en est le lancement, réussi, du satellite de télécommunication civil et militaire bolivien Tupac Katari (du nom d’un des leaders de la révolte indienne de 1781 face à l’occupation espagnole), depuis la Chine, en décembre. D’autant plus que les données, en temps réels, de surveillance du territoire, sont devenues des éléments clefs, comme au Brésil, où l’étendue du pays impose à la fois des éléments cartographiques et météorologiques précis, et des outils de communication opérationnels.
Notre voisin vient de lancer son programme de satellites géostationnaires de défense et de communication qui sera lancé à Kourou en 2016 et poursuit son programme de surveillance de l’Amazonie conjointement avec la Chine. Le Chili, lui aussi, avait lancé un satellite d’observation de la Terre en 2011, via une fusée Ariane 5.La Chine coopère déjà avec l’Argentine (qui vient tout juste de lancer une nouvelle sonde scientifique), le Brésil, le Venezuela, l’Équateur et le Nicaragua. Alors que la Russie accompagne le développement de solutions propres avec le Pérou, la Colombie, l’Équateur, le Mexique et Cuba.

Seul hic, en la matière, aucun des pays de la zone ne possède d’ensemble de lancements, même si la base spatiale d’Alcantara (Maranhao, Nordeste) existe. L’accident de 2003 lors du premier vol d’un lanceur brésilien (VLS), coûtant la vie à 21 scientifiques, a retardé les velléités du voisin d’un projet national. Mais un programme conjoint avec l’Ukraine pourrait voir le jour ces prochaines années, autour d’une version 4 du lanceur russe Cyclone, voire d’une version 5, sur cette base idéalement située près de l’équateur. Toutefois, les retards nombreux, et l’exigence brésilienne d’un transfert de technologie massif, compliquent la donne, alors que d’autres pays se proposent pour accueillir les Ukrainiens.

IMAGE THE GUARDIAN.COM: Une groupe de femmes Aymara marchent devant la station Amachuna, le centre de contrôle du satellite Tupac Katari à El Alto, Bolivie.