En 1948, Émile Blanc fait la rencontre de Francis Lagrange à Saint-Laurent-du-Maroni. Pour briller devant le nouveau responsable de l’aéroport de Rochambeau (voir USG n°11), ce beau parleur lui raconte qu’il s’est engagé dans l’armée de l’air durant la Première Guerre mondiale et qu’il a connu l’aviateur Guynemer. Cette “ histoire ” suscite alors la curiosité d’Émile Blanc, qui bien des années plus tard découvrira la vérité. Une histoire d’aviation ? Oui, mais pas aussi glorieuse que souhaitait le faire croire Lagrange.

L’aviateur

Francis Lagrange est né le 29 mars 1900 à Lille. Sa famille paternelle est originaire de l’Isère, précisément de la commune des Eparres où son père, Alphonse, vient au monde en 1859. En 1901, Alphonse Lagrange est installé comme artisan ébéniste et antiquaire. Il possède une boutique rue du Palais de justice à Lille. Ce n’est pas son premier métier, Alphonse a exercé auparavant la profession de tisseur dans sa région natale, il a été aussi verrier à Bruxelles et enfin ébéniste à Lille. Il n’a donc jamais été conservateur de musée comme le dit la légende… Marié une première fois à Bruxelles, il se remarie avec Joséphine Lepage, qui décède en 1898. Deux années plus tard, c’est avec la sœur de Joséphine, Eugénie (née à Quimperlé) qu’il a un enfant hors mariage, Francis. Comme son père (dont le père était galocher), l’enfant a probablement grandi dans un atelier où l’on travaillait le bois. Francis n’aura cependant pas l’occasion d’apprendre le métier auprès de son père, qui décède avant ses 10 ans, le 19 décembre 1909. Quelques jours avant sa mort, Alphonse Lagrange fait rédiger un testament auprès d’un notaire faisant de Francis son légataire universel. Francis va désormais aller vivre avec sa mère Eugénie, qui le reconnaît officiellement en janvier 1910.
Ses premiers déboires avec la justice ont lieu durant la Première Guerre mondiale. Son parcours de délinquant va ensuite tellement s’étoffer qu’une petite page va être ajoutée à son dossier militaire, notre principale source sur cette période. Car Lagrange a fréquenté l’armée, pas pendant la Grande Guerre, ou plutôt si, mais apparemment pas l’armée française…
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