En 2016, des manifestations ont été organisées pour célébrer le 150e anniversaire de l’arrivée des premiers Chinois en Polynésie. Leurs descendants, même s’ils conservent certaines traditions, ont bien changé. Qui sont-ils ? Quels sont les contours
de l’identité hakka en 2019 ?

Philippe Siu est généalogiste. Membre actif de la communauté chinoise polynésienne, il fait partie de la commission culturelle de la fédération chinoise Sinitong. Il met en place des actions pour entretenir les traditions de sa communauté, il réfléchit aux moyens de redonner sa place à la langue de ses ancêtres, le hakka. Après des années de recherches sur les xiang, c’est-à-dire les noms chinois, il affirme que 60 % de la population polynésienne a du sang chinois.

Une composition ethnique et culturelle

Pour le généalogiste, la communauté chinoise en 2019 est un assemblage. Le terme est peut-être « inapproprié », mais il est choisi « à dessein ». C’est « une composition ethnique et culturelle ». Il n’y a plus de familles « 100 % chinoises », ou très peu. La culture et la langue sont désormais « diluées ». Les traditions « se perdent plus qu’elles n’évoluent ». Et cela s’est accéléré récemment. Ernest Sin C han, descendant de 3e génération de migrants hakkas, docteur en psychologie clinique et pathologique, a mené des recherches en psychologie, psychopathologie et en anthropologie, notamment dans le monde hakka. Il rappelle que l’union sino-tahitienne ou sinométropolitaine est acceptée depuis les années 1980, voire 1990 dans les familles chinoises. « On avait interdiction d’aller chercher quelqu’un à l’extérieur du groupe », rapporte-t-il. « Une théorie de la souillure a longtemps perduré. On considérait que les autres allaient déformer la pensée chinoise, la diluer. » Le métissage a commencé très tôt, dès l’arrivée des premiers Chinois au XIXe siècle, mais elle restait officieuse et contenue.


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