
Edito de Anne-Marie Chambrier, Présidente de l’association Fédération Lokono de Guyane
L’année 2012 a marqué une étape importante dans l’histoire des amérindiens de Guyane au travers de deux événements fortement symboliques : la célébration de la journée autochtone internationale, le 9 août 2012, sur la Place des Palmistes de Cayenne ; et l’inauguration du monument “Chaman”, qui commémore l’antériorité de la présence autochtone en Guyane et affirme la reconnaissance des six nations amérindiennes.
Ces manifestations, qui valorisent nos identités culturelles trop longtemps ignorées, ont pu se concrétiser grâce à un partenariat entre la Fédération des Organisations Autochtones de Guyane, les autorités coutumières, les associations amérindiennes et la région Guyane.
Peut-être sont elles le signe d’une volonté de mieux prendre en compte les problématiques propres aux peuples autochtones ? Cette réflexion doit être fondée sur notre légitime aspiration : vivre dans un système français sans oublier nos racines amérindiennes, et en préservant nos valeurs identitaires.
Elle devrait conduire à élaborer un programme cohérent de développement pour les peuples autochtones, pour décliner des projets dans plusieurs domaines essentiels.
La langue autochtone est ainsi un enjeu majeur : elle doit être reconnue en tant que langue régionale et enseignée dans les écoles. A cette fin, les Intervenants en Langue Maternelle (ILM) doivent avoir un statut d’enseignant spécialisé.
L’avenir des populations autochtones dépend aussi des conditions de formation universitaire de nos frères des communes éloignées. C’est pourquoi, il est urgent de réaliser un Centre d’Accueil à proximité de Cayenne.
Par ailleurs, l’autorité coutumière est fondamentale dans la préservation des valeurs autochtones. Or, elle repose sur les Chefs Coutumiers, qui doivent avoir un statut juridique reconnu. Cependant, cette question ne peut-être dissociée de celle de la terre, aussi nous reformulons le souhait que soit réexaminées et validées les nouvelles demandes foncière ainsi que les demandes d’extension des zone de droits d’usage collectif..
Les peuples autochtones ont compris depuis longtemps que La TERRE MERE est la vie de l'humanité et que la survie d’un peuple passe par la préservation de la nature. Conscients du mal que les Hommes lui infligent, nos autorités refusent toutes activités liées à l’orpaillage illégal sur nos territoires, si préjudiciables à l’écosystème et à la santé des frères du Maroni et de l’Oyapock.C’est la raison pour laquelle nous préconisons la vigilance et la réflexion avant tout acte de signature de la charte établie par le Parc amazonien de Guyane. De manière générale, nous souhaitons que les pouvoirs publics travaillent avec les organisations autochtones sur des projets de développement économique durable, et de protection de la biodiversité.
Pour construire l’avenir de notre pays, nous avons besoin de toutes ses forces vives ; c’est pourquoi les peuples autochtones de Guyane doivent être acteurs dans toutes les instances décisionnaires.









