

Edito de Pierre-Olivier Jay, Rédacteur en chef
Il y a bientôt un siècle, la première compagnie aérienne de Guyane, la TAG, s'installait à Saint-Laurent-du-Maroni, quelques mois seulement après la naissance de l'aviation commerciale en Europe. Ainsi la Guyane se trouvait-elle au premier rang des territoires aéronautiques, propulsée par ses difficiles communications, ses richesses prometteuses et, surtout, par l'initiative de quelques téméraires entrepreneurs.
Cette histoire passionnée qui lie la Guyane et l'aviation, depuis ces pionniers jusqu'aux travailleurs du ciel au XXIe siècle, nous avons choisi de vous la conter dans ce numéro. Urgentistes du Samu héliporté au secours des populations isolées, pilotes chevronnés survolant le mystérieux Sud guyanais, premier directeur de l'aéroport après les Américains en 1949, autant de rencontres que nous souhaitons partager ici avec vous.
Ce dossier soulève aussi des questions sur la place occupée par le transport aérien dans la société guyanaise contemporaine. L'aéroport, tourné vers l'Europe, nous renvoie trop souvent à notre statut de région ultrapériphérique alors qu'il pourrait être un "hub" au service de l'économie régionale et de ses populations. Le défi des liaisons aériennes vers l'Amérique du Sud semble étrangement se situer dans un passé peuplé d'intrépides investisseurs... Comment alors intégrer la Guyane à son environnement géographique ?
Le changement viendra-t-il d'Orient ? Alors que la TAG était créée en 1919, les Hakkas traversaient deux océans en direction de la Guyane, fuyant la misère et la guerre de l’empire du Milieu. Cet empire qui attire aujourd’hui l’attention et la convoitise d’un occident à son tour mal en point.
Le grand dossier de ce douzième numéro est donc consacré à la Chine et ses liens avec la Guyane ; une histoire d'aventuriers partis les poches vides qui nous rappelle que l'American Dream à la sauce guyanaise n'est parfois pas qu'un mythe. Grâce à l'association d'expatriés Fa Kiao, nous sommes partis sur les traces de ces voyageurs dans le quartier de Longgang à Shenzhen et à Qingtian dans le Zhejiang, berceaux de cette diaspora. Comprendre le destin de ces migrants, en quête d'une vie meilleure, c'est aller à la source d'une précieuse caractéristique de la Guyane. Sa diversité humaine.

















