
Edito :OR
Depuis l'arrivée sur ses terres des premiers occidentaux il y a quatre siècles, l'histoire de la Guyane n'a jamais cessé d'être mêlée à celle de l'or.
C'est la promesse de l'or qui attirait les aventuriers abordant les rivages de la Guyane. Galvanisés par les descriptions de Walter Raleigh, ils recherchaient l'Eldorado, le roi doré de la ville de Manoa, située au bord du lac Parimé. En moins d'un siècle, il ne restera presque rien de l'ancienne civilisation amérindienne des Guyanes...
Dans ce numéro, nous partirons sur les traces de ce monde disparu, pour tenter de comprendre ce qu'il a pu être avant le contact avec l'Europe. Cet univers précolombien est encore mal connu, et la forêt pluviale ne laisse que peu de chance d'accéder aux vestiges du passé. Mais grâce aux fouilles archéologiques, celle de Calçoene en Amapa, ou celle de Pointe Morne en Guyane, certains mystères se dévoilent peu à peu.
Soubresauts épisodiques d'un passé lointain, vraiment ? Voire... à la lumière de cette histoire, la ruée vers l'or actuelle, et ses conséquences sociales et environnementales en Amazonie, ont un triste air de déjà vu. Alors que le système économique mondial semble à bout de souffle, le cours de l'or explose, et sa valeur quadruple en 10 ans. à nouveau, le précieux métal jaune apparaît comme l'ultime refuge pour protéger son patrimoine d'un effondrement général. Et cette peur, en vicieuse rétroaction, vient alimenter le feu de la crise. L'origine de ces dérèglements, la folie de l'or, se nomme cupidité...
à l'échelle de la forêt, les amérindiens et tout ceux qui y vivent subissent aujourd'hui plus que jamais les conséquences de cet appétit insatiable pour l'or. Intoxication au mercure, insécurité, paludisme sont devenus des maux malheureusement quotidiens pour les habitants de l'intérieur des Guyanes. Pour endiguer ce fléau, il faudra valoriser d'autres investissements, adossés à des valeurs, elles, renouvelables, comme l'éducation, la connaissance des écosystèmes, ou le tourisme vert.
Les deux espèces animales présentées dans ce numéro, la loutre géante et le coq de roche, illustrent bien cette impasse du développement. Toutes deux subissent de plein fouet l'impact de l'exploitation aurifère, qui vient les débusquer au coeur même de leur milieu naturel de vie : le lit des rivières pour l'une, les zones montagneuses pour l'autre. Mais, tout aussi bien la loutre géante et le Coq de roche ne pourraient-ils pas participer, du fait de leur absolue singularité, à l'attrait d'un éco-tourisme en Guyane ?
Pierre-Olivier Jay















