Le 20 décembre dernier, les douaniers américains du port de Norfolk (Virginie) ont mis la main sur une cargaison de 332 kilos de cocaïne estimée à 100 millions USD. Conditionnée dans des boîtes de concentré d’orange et de pamplemousse, la marchandise était dissimulée dans un conteneur embarqué à Trinité & Tobago et à destination de New York. La société SM Jaleel* responsable de la fabrication nie toute implication et crie à la contrefaçon, précisant que la nuance de vert sur les étiquettes des boîtes saisies ne correspond pas aux boîtes originales.

En début de semaine, des officiers de la police d’élite locale, travaillant sur cette affaire en collaboration avec les agents du service fédéral américain chargé de la lutte contre le trafic des stupéfiants (DEA), ont déposé un référé pour avoir accès aux dossiers des transactions financières de trois personnages clés : un commissionnaire en douane, un haut fonctionnaire des douanes et un homme d’affaires local. (Newsday, 27/01)

Le Premier ministre trinidadien Kamla Persad-Bissessar a fait savoir que « l’enquête est en cours, et il serait malvenu de faire des commentaires sur cette affaire très sensible ». Elle a également rappelé que tous les pays du monde sont confrontés au narcotrafic, que son pays, « nous le savons depuis longtemps, est un point de transbordement pour la drogue », et que son gouvernement travaille avec les douanes et les ministères concernés pour lutter contre ce fléau.

Dans un article du Sunday Guardian (lire ci-contre), Daurius Figueira, chargé de cours en criminologie à Université des Indes occidentales (UWI ) explique que les cartels mexicains se servent des Caraïbes comme plaque tournante pour transporter la drogue, non seulement en direction de l’Afrique de l’Ouest et de l’Europe, mais aussi vers la côte est des États-Unis et le Canada.

Selon Figueira, Trinidad & Tobago est désormais infiltrée par les cartels mexicains : « Cette cargaison porte la marque de fabrique d’une opération d’un cartel mexicain de la drogue… » Et de poursuivre : « C’est le signal d’alarme pour Trinidad & Tobago. Les cartels mexicains ont déjà infiltré la République Dominicaine, Puerto Rico, les Caraïbes orientales, Belize, Bahamas, les îles Turks et Caicos, les îles Vierges américaines. C’est maintenant au tour de Trinidad & Tobago, et le prochain pays sur la liste, c’est la Jamaïque. » (Guardian, 27/01)

Depuis cette affaire retentissante, le protocole de sécurité aux frontières a dû être modifié. Deux scanners de fabrication chinoise d’une valeur de 4 millions USD chacun sont actuellement en cours d’installation dans la zone portuaire de Port of Spain. « Il est crucial d’avoir une véritable sécurité aux points d’entrée, avec des scanners, des chiens de détection, etc… », précise Gary Griffith, ministre de la Sécurité nationale. De son côté, le ministre du Commerce Vasant Bharath a récemment déclaré que les conteneurs destinés à l’exportation ne sont généralement pas contrôlés par les douanes avant de quitter le pays. Et d’ajouter que trois autres scanners acquis l’an dernier avec l’aide des États-Unis seront livrés en juin prochain. (Trinidadexpress, 27/01)

* Premier exportateur de Trinité & Tobago hors produits pétroliers, SM Jaleel & Co Ltd. emploie plus de 2 000 personnes et expédie plus de 6000 conteneurs par an à travers le monde.

http://wtkr.com/2014/01/16/record-732-pounds-of-cocaine-seized-at-port-of-norfolk/ [reportage vidéo]

Photo : Speyside, Goat Island depuis Little Tobago, Trinidad & Tobago. Atelier Aymara 2007